En vérité cette grève, qui pénalisera encore les usagers mais aussi la SNTF, du fait d'un manque à gagner, est à mettre au débit du gouvernement et de l'UGTA du fait de la politique de deux poids, deux mesures. Une grève déclenchée dimanche paralyse quasiment le trafic ferroviaire depuis deux jours. Au grand dam des usagers contraints à la galère des jours sans train. Cette grève est d'autant plus surprenante qu'elle intervient à un moment où le climat social est censé être apaisé, du moins pour un temps, après la signature en grande pompe des conventions de branches entre l'UGTA et le ministre du Travail, le 1er mai dernier. Les cheminots se sont mis spontanément en grève pour, justement, protester contre le fait que la Fédération du transport, dont le poids syndical n'est pas négligeable, est laissée-pour-compte dans les dernières augmentations de salaire. Les responsables syndicaux de la “fédé” se démarquent du bout des lèvres de “l'intiative spontanée” des travailleurs, mais dans le fond, ils y adhèrent car ils ne peuvent raisonnablement prendre le risque de condamner dès lors que le problème posé est réel. À moins de se faire hara-kiri. Et puis au nom de quelle logique les cheminots ne bénéficieraient pas d'augmentations, comme le reste des travailleurs des secteurs économiques, d'autant plus que des entreprises dont les finances sont structurellement au rouge sont concernées. Comme la SNVI dont le cas est brandi par les cheminots grévistes pour dénoncer l'injustice. En vérité, cette grève, qui pénalisera encore les usagers mais aussi la SNTF, du fait d'un manque à gagner, est à mettre au débit du gouvernement et de l'UGTA du fait de la politique de deux poids, deux mesures. À partir du moment où dans notre pays, les majorations de salaires sont “politiques”, donc déconnectées de tout paramètre de rentabilité et de compétitivité, autant systématiser toutes les fédérations. Et le gouvernement n'aura d'autre alternative que de mettre la main à la poche pour désamorcer cette grève avant de provoquer un effet de contagion dans d'autres secteurs qui ne manquent pas de raisons de se plaindre. Alors vivement que le train siffle.