Les deux parties s'entêtent. La DG exige la reprise avant la signature de l'accord, et les travailleurs conditionnent la fin de la grève par la fameuse signature. Aucune partie ne veut céder. Une équation pas facile à résoudre pour faire re-siffler le train tant attendu par de nombreux usagers. La grève des cheminots prend une nouvelle tournure. Au 9e jour de la paralysie totale des quais, la direction générale de la SNTF est beaucoup plus soucieuse d'une sortie honorable qu'une reprise immédiate du trafic ferroviaire. À en croire les propos et autres indiscrétions de la Fédération nationale des cheminots et de la cellule de crise, des instructions ont été données par la tutelle à la DG pour répondre favorablement à leur revendication. C'est-à-dire la signature d'un protocole d'accord portant application de l'article 52 de la convention collective. Le document serait fin prêt, mais la DG qui tente de se trouver une sortie honorable pour ne pas faire croire qu'elle a courbé l'échine face à 10 000 travailleurs et en faire des émules, la direction générale exige une reprise ne serait-ce que partielle par un service minimum pour parapher l'accord. De leur côté, les travailleurs, qui se sont rassemblés hier devant le siège de la direction générale, ne cèdent pas et persistent à conditionner la reprise du travail par la signature de l'accord. En un mot, le conflit qui n'a que trop pénalisé les usagers du rail a, semble-t il, trouvé son épilogue mais il faut que l'une des deux parties fasse le premier pas. Et c'est là où les choses se corsent puisque les deux “belligérants” campent sur leurs positions et chacun guette l'autre et veut que ce soit l'autre partie qui cède. C'est l'impasse et le pourrissement qui persistent. Le SG de la Fédération nationale des cheminots était convié à une réunion de négociations avec la direction générale de la SNTF. Il pointe à la DG dès les premières heures de la matinée et n'en ressort pas des heures après. À13 heures, il était toujours en “conclave” avec la direction. La DG exige la reprise avant tout accord, et la fédération fait savoir que la base des travailleurs ne veut rien négocier et ne reprendra qu'à la concrétisation de l'accord. La situation a été résumée par un syndicaliste en une seule phrase lourde de sens. “C'est le taghanante à l'algérienne.” Quand des pouvoirs publics agissent ainsi face à une telle crise ou pas moins de 10 000 travailleurs paralysent tout un réseau ferroviaire pour faire appliquer un droit accordé par un texte de loi, c'est grave. “Nous sommes prêts à reprendre immédiatement pourvu que le SG nous montre un accord signé par la DG”, soutiennent les nombreux travailleurs et syndicalistes rassemblés devant le siège de l'entreprise. Question : qui interviendra pour mettre fin au bras de fer ? Les travailleurs se sont tournés le week-end dernier vers le premier magistrat du pays. La médiation du SG de la Centrale syndicale a échoué. Sidi-Saïd s'était porté garant pour faire aboutir la revendication des travailleurs qui devaient à leur tour geler la grève ou au moins assurer un service minimum. Mais les cheminots, décidés à mener la guerre jusqu'au bout, ont refusé de suivre l'appel du SG de l'UGTA encore moins celui du bureau fédéral du syndicat “écarté pour avoir failli à sa mission”. Mais ceci ne les a pas empêchés d'émettre, dans la soirée de samedi, un communiqué dans lequel le chargé de communication de la fédération appelle à la reprise et soutient la démarche de la centrale syndicale. Le communiqué faxé à la presse et aux bureaux régionaux a été déchiré et jeté à l'entrée du siège de la Fédération des cheminots par les travailleurs qui ne reconnaissent depuis vendredi que le SG.