Alors que son occupation du Sahara occidental fait l'objet d'un processus de décolonisation au sein des Nations unies, le Maroc a lancé, par la voix de son Premier ministre, Abbas El-Fassi, un appel à l'Espagne pour établir un dialogue pour mettre un terme à l'occupation des enclaves de Ceuta et Melilla. Quel paradoxe ! Le Premier ministre marocain, Abbas El- Fassi a officiellement appelé lundi dernier l'Espagne à “engager un dialogue” pour “mettre fin à l'occupation” de Ceuta et Melilla, les deux enclaves espagnoles situées dans le nord du Maroc. Certes, c'est légitime comme revendication, parce que la position géographique des enclaves et l'histoire de la région plaident en faveur de Rabat, mais le contexte actuel marqué par le processus de décolonisation du Sahara occidental occupé par le Maroc, sous l'égide des Nations unies que le royaume ne cesse de bloquer, donne à la question un aspect pour le moins inhabituel. En effet, c'est dans le rôle du colonisateur colonisé que se retrouve le Maroc dans cette affaire de territoires occupés en violation de la légalité internationale, tout comme l'Espagne d'ailleurs qui est dans une situation similaire, car revendiquant d'un côté Gibraltar, tout en ayant sous sa souveraineté les enclaves de Ceuta et Melilla. Occupant le Sahara occidental depuis le départ en novembre 1975 de l'ancienne puissance coloniale, en l'occurrence l'Espagne, Rabat, qui refuse d'organiser un référendum d'autodétermination dans ce territoire, conformément aux résolutions onusiennes, veut donc établir un dialogue avec Madrid pour mettre fin à l'occupation de Ceuta et Melilla. L'Espagne “pays ami, est appelée à engager un dialogue avec le Maroc pour mettre fin à l'occupation de Sebta (Ceuta en arabe) et Melilla”, a affirmé le Premier ministre marocain, Abbas al-Fassi, qui s'exprimait devant la Chambre des représentants où il a présenté le bilan de son gouvernement, qu'il dirige depuis 2007, après les élections législatives. Le chef du gouvernement de Mohammed VI a également demandé à Madrid de s'engager dans le cadre d'une “vision futuriste” et pour “l'intérêt commun” et le “bon voisinage” entre les deux pays. Ceci étant, les enclaves de Ceuta et Melilla constituent un sujet sensible entre les deux pays. Alors que le Maroc considère les deux enclaves espagnoles comme “occupées” et faisant partie de son territoire, l'Espagne refuse toute discussion sur Ceuta et Melilla où elle exerce sa souveraineté depuis, respectivement, 1580 et 1496. Il y a lieu de rappeler la visite du roi espagnol, Juan Carlos, dans ces deux enclaves en novembre 2007, laquelle avait provoqué une grande tension entre Rabat et Madrid. Le Maroc était allé jusqu'à rappeler son ambassadeur à Madrid pendant de nombreuses semaines. Par ailleurs, le Premier ministre marocain a fait état de “perspectives prometteuses à son plan d'autonomie pour le Sahara occidental.” Enfin, Abbas al-Fassi a saisi l'occasion pour réitérer l'appel qu'il ne cesse de lancer à Alger “pour ouvrir ses frontières terrestres avec le Maroc pour assurer un développement des deux pays voisins”.