Pour sa première sortie médiatique depuis sa nomination à la tête de Sonatrach, Noureddine Cherouati est paru serein, tentant de défendre comme ses prédécesseurs la compagnie pétrolière nationale, éclaboussée par un scandale sans précédent dans l'histoire économique du pays. “Il faut protéger le bébé. Sonatrach nous fait vivre tous (elle fait vivre tous les Algériens). Regardez les progrès réalisés dans les wilayas de l'intérieur (accès des populations dans des coins reculés au gaz, à l'électricité. C'est grâce aux recettes dégagées par les exportations d'hydrocarbures de Sonatrach. Le scandale Sonatrach n'est rien par rapport aux campagnes mains propres menées en Italie. L'essentiel, ce sont les enjeux auxquels fait face notre compagnie face à la concurrence internationale, son développement à l'international. Le scandale Sonatrach, c'est un épiphénomène. Dans d'autres pays, on ne médiatise pas les scandales de leurs compagnies pétrolières avec autant de détails. Il faut faire attention à l'impact que de tels écrits peuvent provoquer”, a confié le nouveau P-DG de Sonatrach. Quant à la paralysie de Sonatrach depuis l'installation de son P-DG sous instruction judiciaire, Mohamed Meziane, et l'incarcération notamment de deux de ses deux vice-présidents mis en cause dans des affaires de malversation liées à des passations de marchés, Benamar Znasni et Belkacem Boumediene, il avancera les mêmes arguments : Sonatrach fonctionne. Elle produit et exporte comme prévu les quantités d'hydrocarbures. Concernant le blocage dans la prise de décision consécutive à ce scandale et à des défaillances dans sa gouvernance, il affirme que “j'ai redressé (avec ses collaborateurs) Naftal, (à l'époque engluée dans de graves difficultés financières), ce ne sera pas complexe de redynamiser la compagnie pétrolière nationale”. Allusion à l'époque où il était directeur général de Naftal. On a donc un P-DG fort de ses trente ans d'expérience au sein du secteur de l'énergie qui contrairement à son prédécesseur ne sera pas effacé. Contrairement à ce qu'on imaginait, ce n'est pas un relais de Khelil, le ministre de l'Energie, ni un membre parachuté à la tête de Sonatrach. Un signe de la position affaiblie par le scandale du premier responsable du secteur. C'est en fait la Présidence qui aura rejeté tous ses candidats, selon une source sûre : Feghouli, le P-DG par intérim, Zitouni, le secrétaire général, Benoughlis, la directrice chargée de la planification économique. Ouyahia aura cependant usé de son influence pour que Cherouati, le président de l'Agence de régulation des hydrocarbures soit nommé P-DG de Sonatrach alors qu'il préparait au regard de son âge (62 ans) son départ à la retraite. Dans la foulée, le nouveau top management, contrairement à l'équipe de Meziane, décapitée par le scandale ne fait pas partie du clan de Khelil. Ils sont issus quasiment de Sonatrach. Ils sont compétents, selon un ancien responsable de la compagnie. Saïd Sahnoune, cadre plus jeune, nommé vice-président Amont, a une riche expérience du terrain, il a été responsable de la région de Hassi R'mel avant de devenir directeur des associations. Yasmina Hamdi, désignée vice-présidente chargée de la commercialisation, est une élève d'Ali Hached, le conseiller du ministre de l'Energie, qualifiée de fine connaisseuse des enjeux du marché international du gaz, Abdelkader Benchouia, vice-président Aval, accumule une longue expérience dans le raffinage. Saïdani, désigné vive-président TRC, est un responsable en vue de Sonelgaz. Il était président de la filiale gestionnaire des réseaux de transport à Sonelgaz ; Cherouati a donc de quoi s'appuyer pour bien tenir le gouvernail. En conclusion, la sortie de crise de gouvernance à Sonatrach repose sur les épaules du nouveau P-DG de Sonatrach. Diplômé de l'Ecole nationale polytechnique d'Alger et avec l'atout d'une longue expérience en tant que manager, il devra s'imposer dans le cadre de ses prérogatives, face à un ministre monopolisant la prise de décision, en vue de rassurer les partenaires étrangers, parvenir à des solutions techniques face à l'essoufflement des gisements et renouer avec la dynamique à l'international. Bref, sortir de la paralysie actuelle, une conséquence de l'éruption causée par le scandale Sonatrach. Cherouati semble avoir le caractère, selon des sources concordantes. Il faudra, cependant, attendre pendant au moins quelques mois pour être fixé sur la direction que prendra Sonatrach.