“Beaucoup de progrès ont été faits, en vingt ans, en matière de prise en charge clinique des troubles de l'attention et de l'hyperactivité”, a affirmé le Pr Chaouch, chef de service neurologie à l'EHS Ben-Aknoun, jeudi, lors de la rencontre sur l'hyperactivité organisée par l'Association Thada à l'Institut national de santé publique (INSP). S'il est vrai que des consultations pour l'hyperactivité sont ouvertes dans différents services spécialisés, dont celui de la pédopsychiatrie de l'EHS Mahfoud-Boucebci de Chéraga, la plupart des parents d'enfants atteints de ce syndrome continuent à naviguer à vue, ignorant souvent la nature du mal. Ils le confondent avec de la turbulence, qui passera avec l'âge. Ils ne prennent donc guère le soin de le diagnostiquer et par là même le traiter. Mme Meriem Hamada, psychologue et membre de l'association Thada, a fait un exposé sur les troubles déficitaires de l'attention avec ou sans hyperactivité. Elle a indiqué que ce trouble touche entre 4 à 12% de la population scolaire, mais apparaît à un âge plus précoce, aux alentours de 3 ou 4 ans. Il se manifeste par des problèmes de concentration, de l'impulsivité et de l'hyperactivité motrice. La clinicienne a présenté les trois sous-types de la TDAH, à savoir TDAH avec impulsivité ou hyperactivité, TDAH avec inattention prédominante et enfin TDAH mixte. Mme Lamisse Medjhouda, pédopsychiatre à l'EHS de Chéraga, a axé sa communication sur les troubles associés à l'hyperactivité, qui affecteraient 80% des personnes souffrant de TDAH. Elle s'est attardée particulièrement sur les troubles oppositionnels avec provocation, qui affectent les gosses hyperactifs à partir de 8 à 10 ans, c'est-à-dire à un âge où ils doivent affirmer ordinairement leur personnalité. Ils deviennent ainsi coléreux, susceptibles, méprisants et vindicatifs, dérangent sciemment les autres, refusent de se conformer aux règles établies par les parents ou les enseignants… Au fur et à mesure que les années passent, ils perdent de plus en plus l'estime de soi, développent de l'anxiété, se comportent de manière agressive et tendent à abuser des substances toxiques. Les spécialistes ont insisté sur l'impératif de dépister précocement les troubles déficitaires de l'attention avec ou sans hyperactivité, afin de commencer tôt le traitement et permettre à l'enfant d'avoir un développement psychomoteur plus proche de la normalité et surtout mener une scolarité convenable. Il s'avère que 20 à 25% des troubles d'apprentissage conduisent irrémédiablement à l'échec scolaire. Mme Tiouririne, ancienne inspectrice générale de l'orientation scolaire et professionnelle au ministère de l'Education nationale, est intervenue sur les déperditions scolaires, dont les difficultés d'apprentissage inhérentes aux capacités intrinsèques de l'enfant, en sont une cause principale. Mais pas la seule, a-t-elle soutenu. De nombreux facteurs concourent à empêcher l'enfant ou l'adolescent à effectuer sa scolarité sans anicroches. Le manque d'intérêt que portent les parents à l'école, l'instabilité du couple, la taille importante de la fratrie, les effectifs en surnombre des classes, le volume important du programme scolaire, l'absence d'activités parascolaires récréatives, les relations maître-élève et élève-élève sont autant de paramètres avec un impact négatif sur la scolarité des enfants. “Les troubles sensoriels (problème de vue, de langage ou d'audition) qui ne sont pas détectés à temps influent aussi sur les capacités de l'enfant”, a-t-elle affirmé. Elle a estimé nécessaire d'évaluer régulièrement l'élève sur ses progrès ou retards en apprentissage et prévoir, en cas de problème, une remédiation pédagogique. “ça se fait, mais pas au cas par cas”, a-t-elle regretté. Mme Tiouririne a jugé que le primaire est le palier le plus important dans tout le cursus scolaire. “Si l'élève le rate, il ratera toute sa scolarité”.