Les mésaventures du secteur en Algérie flottaient sur ce salon, décidément consacré de préférence aux contrats d'affaires sur le très court terme, considérées par beaucoup comme des entraves à l'initiative privée ou des reculs dans la libéralisation. D'abord, la décision de l'ex-ministre Haïchour de baisser de 50% les prix de l'accès à Internet, une décision qui n'a pas fini d'être digérée jusqu'à aujourd'hui et qui a suscité moult méditations, considérée comme illégale sur le fond en tant qu'intervention politique dans une sphère privée, la sphère commerciale et affectant gravement l'équilibre du marché en entravant le jeu de la libre concurrence parmi les opérateurs sur la place. Des juristes, au fait des législations sur les privatisations dans le monde, ont fait valoir que le ministre n'avait pas à intervenir sur le marché et que des techniques de subventions sont utilisées pour démocratiser l'accès à Internet. Si les autorités l'entendent ainsi, alors la logique aurait voulu qu'elles payent la différence de prix aux entreprises, ces fameux 50% de baisse sur les tarifs d'abonnement ou alors carrément en versant une subvention directe aux ménages et aux entreprises demandeurs d'Internet. La décision avait affecté la trésorerie de l'Eepad, le fournisseur Internet alors le plus en vue. Son concurrent public, Algérie Télécom, est non seulement fournisseur d'Internet mais aussi, propriétaire gestionnaire des réseaux de connexions sur le plan national, ce qui est déjà une entorse à la concurrence. “Dans le cas présent, la logique aurait voulu qu'Algérie Télécom ne rassemble pas les deux fonctions, provider et en même temps propriétaire des réseaux qu'il loue à ses propres concurrents. Par comparaison, au cours des années 1990, dans la presse écrite publique, les rédactions et les publications ont bel et bien été séparées des imprimeries de presse. La logique a été respectée”, rappellent-ils. En bout de course : il ne subsiste plus qu'un opérateur très largement dominant, l'opérateur public Algérie Télécom qui, en plus de ses 800 000 abonnés Internet, a absorbé au passage les 23 000 abonnés de l'Eepad. Soit encore un sérieux risque d'entrave au jeu de la libre concurrence quand la position de monopole suscite des baisses de qualité de service. Accessoirement, l'obligation des crédits documentaires pour toute opération d'importation, ce qui aurait influé sur les prix des produits informatiques vers la hausse. Mais également, la forte probabilité du retrait de Djezzy de la place algérienne, et ses conséquences de l'exercice par l'Etat algérien de son droit de préemption pour la reprise des actifs de Djezzy : une position encore dominante d'un opérateur public, probable filiale de Algérie Télécom comme Mobilis ? Dans tous les cas, la même question, jusqu'à quel point l'intervention de l'Etat algérien et par voie de conséquence, quelles seraient les parts de marché restant au privé ? Et au bout du compte, quelle place pour les Ide ? Quel que soit l'aboutissement de la cession de Djezzy, les choses ne seront plus comme avant dans le monde des Tic en Algérie, jusqu'ici présenté comme une réussite d'instauration de la concurrence. Aujourd'hui, avec la main lourde de l'Etat, tout change. Ou presque.