Le dialogue économique et stratégique sino-américain s'est ouvert lundi à Shanghai, pour prendre fin le lendemain. Cette rencontre annuelle est la deuxième du genre depuis son élargissement aux questions politiques par Barack Obama. Il s'agit, pour la première et la troisième économies mondiales, de mettre sur la table tous les différends, leur interdépendance étant de plus en plus avérée, à tel point que le vice-Premier ministre chinois les a qualifiées d'inséparables. Face à la crise, Chine et Etats-Unis tenteront de “bien évaluer la situation et coordonner leurs politiques”, selon le responsable chinois qui souligne la nécessité de retrouver “une croissance équilibrée de l'économie mondiale”. Conduite par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, la délégation américaine compte pas moins de 200 membres, ce qui illustre toute l'importance accordée par Washington à ces discussions. “Nous ne serons pas d'accord sur toutes les questions, mais nous en parlerons ouvertement”, a déclaré Mme Clinton, qui faisait allusion aux questions relatives aux droits de l'homme. L'accès équitable des entreprises aux marchés, le taux de change entre le yuan et le dollar ainsi que les questions énergétiques et climatiques ont été parmi les sujets les plus âprement discutés. Au-delà des questions commerciales et économiques, plusieurs questions d'ordre stratégique ont été également évoquées. Au premier rang d'entre elles, la crise entre les deux Corée née du torpillage d'un navire sud-coréen ayant entraîné la mort de 46 marins et dont la Corée du Nord est accusée d'être l'auteur, selon les premières conclusions d'une enquête internationale. Washington, qui a immédiatement soutenu Séoul, recherche l'appui de la Chine dans cette affaire, mais elle reste vague, s'agissant d'éventuelles sanctions contre ses alliés de Pyongyang. Pékin réclame en effet davantage de preuves pour condamner la Corée du Nord. Les deux puissances ont également évoqué longuement le projet de sanctionner l'Iran à l'ONU en raison de son programme nucléaire. “Le projet de résolution sur lequel se sont mis d'accord tous les partenaires du groupe des 5+1 envoie un message clair à la direction iranienne : respectez vos engagements ou affrontez un isolement croissant et les conséquences”, a notamment déclaré Mme Clinton. La crise de la dette souveraine européenne s'est également invitée dans l'ordre du jour de la rencontre entre les deux géants de l'économie mondiale. La Chine et les Etats-Unis vont travailler ensemble pour soutenir les efforts de l'Europe afin de surmonter la crise de sa dette, a annoncé lundi le gouverneur de la banque centrale chinoise. Les deux pays soutiennent les mesures prises par l'Europe et “l'opinion générale est que le rythme de la reprise économique mondiale sera fondamentalement maintenu”, selon le gouverneur. Auparavant, le ministre chinois du Commerce s'était dit inquiet de la crise de la dette souveraine européenne et a affirmé que l'évolution de la zone euro était sous surveillance. Pour leur part, les Etats-Unis ont réagi très tôt à la crise européenne et le président Obama lui-même s'en est inquiété auprès de dirigeants européens, dont la chancelière allemande. Si les Chinois pensent globalement que les retombées de la crise européenne sur l'économie mondiale ne seront pas importantes, les Etats-Unis se sont montrés plus circonspects sur le sujet.