En marge des représentations théâtrales inscrites au programme de la 5e édition du Festival national du théâtre professionnel d'Alger (FNTP), un colloque scientifique de trois jours a été organisé à la Bibliothèque nationale d'Algérie, portant sur l'utilisation du patrimoine dans le théâtre maghrébin. Des chercheurs et autres spécialistes en la matière sont intervenus afin de décrypter la présence et les manifestations du patrimoine matériel et immatériel dans le quatrième art. Ce colloque, qui a débuté samedi passé, a d'abord traité du thème du “patrimoine dans le théâtre maghrébin”. Le dramaturge et metteur en scène Abdelkrim Berrechid a relevé, dans sa communication aux allures philosophiques, la dimension esthétique du théâtre maghrébin. “Comment se connaître et se présenter aux autres sans se connaître soi-même, sans valorisation de son propre patrimoine ?”, s'est-il interrogé. Rachid Bouchaïr a estimé, pour sa part, que “le théâtre a toujours utilisé le patrimoine sous ses différentes formes : matérielle, immatérielle, orale et intellectuelle”. Il a également donné un aperçu des différentes manifestations du patrimoine dans les théâtres grec, français, italien, allemand et espagnol. Le conférencier a détaillé les expériences algériennes dans ce domaine. Ahcène Tlilani a abondé dans le même sens, tout en considérant que la première pièce théâtrale proprement dite est celle de Dj'ha, d'Allalou. Les intervenants à cette première journée se sont accordés à dire que l'utilisation du patrimoine dans le théâtre avait une importante dimension politique et résistante. “C'était un moyen de lutte contre la colonisation, les régimes féodaux et dictatoriaux…”, nous confiera plus tard M. Berrechid. Lors de la deuxième journée du colloque, il a été question du patrimoine dans le théâtre algérien. Anwal Tamer a proposé une lecture de La Poudre d'intelligence, de Kateb Yacine, Lakhdar Mansouri s'est intéressé au théâtre d'el Halqa, alors qu'Ali Abdoune a concentré son attention sur le rituel d'Ayrad.Outre la communication exhaustive de Saïd El Naji et la belle vision d'un théâtre universel d'Awatef Naïm, les autres intervenants, à la dernière séance du colloque, sont tombés dans le travers de l'idéologie et du populisme arabe. Entre les lignes de la communication de Nader El Qana, on pouvait lire que le théâtre maghrébin n'a pas lieu d'être sans le théâtre arabe. Confondant les concepts et les théories, Jamil Hamdaoui a déclaré qu'il y avait au Maghreb “quinze théories théâtrales relatives au patrimoine”. Ces deux chercheurs ont considéré le théâtre comme le reflet d'une pensée idéologique, fédératrice et destructrice des identités nationales.La mondialisation a fini par atteindre le théâtre, manifestement ! Driss Guergoua, de l'université de Sidi Bel-Abbès, a pris la même orientation lors de sa communication. L'approche politique et historique de ces chercheurs a fait oublier les aspects esthétiques et anthropologiques du théâtre maghrébin.