On se retient à peine de fêter le retour du terroriste Athmane Touati. On cite ses titres : “Officier exégète de la zone Centre” ; “membre du conseil des notables (madjliss el-ayan)” ou… “des sages” ; “chef de la commission légiste”, la “plus importante autorité dans l'organigramme du GSPC…” ; on retrace ses états de service qui s'étalent sur une quinzaine d'années et on rappelle que deux autres “hauts responsables” se sont rendus ces deux derniers mois. Trois terroristes, des chefs de la vieille garde de Hattab, puis de Droukdel, dont on se garde bien d'évoquer le bilan sanglant et dévastateur après quinze ou seize ans de meurtres et de destructions. La nouvelle, telle que présentée par des services de sécurité complaisamment relayés par les médias, tend à faire passer l'issue d'une entreprise meurtrière aux dégâts irréparables pour le happy end d'un furtif moment d'égarement. Le procédé nous permet de nous accommoder de l'impunité d'un Abderrezak El-Para et de milliers d'autres assassins de l'ordre. On pourra ainsi concomitamment fêter le souvenir de Tahar Djaout et célébrer la littérature hypocritement lénifiante d'un assassin “repenti”, faussement repenti parce que, jusqu'ici, nous n'avons pas eu à enregistrer le moindre reniement de son choix par un terroriste affranchi. Malgré cela, on s'efforce de nous faire célébrer le départ en retraite de sanguinaires lassés d'avoir saigné le pays et le peuple jusqu'à l'écœurement. On ne peut pas appeler une reddition le sort d'un criminel au long cours qui revient en cité pour passer au tribunal faire valoir son droit à l'impunité, avant de se présenter à son ex-employeur pour se réapproprier son poste de travail, puis à la caisse de la Sécurité sociale pour percevoir ses arriérés d'allocations familiales et éventuellement réclamer son droit à la retraite ! Le terroriste est le seul privilégié du régime social national à ouvrir droit aux prestations sociales sans avoir eu à cotiser. Pendant que le pays organise au profit des anciens terroristes les conditions d'une vieillesse apparemment dédiée à la méditation, le GSPC-Al Qaïda continue à recruter du sang neuf. La récente arrestation de son agent recruteur à Alger n'a pas eu le même retentissement que ces tardives redditions. Et pour cause, il risquait de relativiser l'impact de ces départs en retraite et de rappeler que le turn over des maquis a été justement facilité par la réconciliation nationale. Les Algériens restés à leurs postes financent les “droits” sociaux de ceux qui ont choisi de prendre les armes contre les institutions. D'une certaine manière, ils paient de les avoir empêchés de faire faire plier l'Etat. Tout cela pour devoir ensuite soutenir l'illusion réconciliatrice par un acharnement médiatique visant à minimiser la capacité de nuisance des groupes armés et faire passer la moindre défection de terroriste pour la preuve d'une “paix revenue”. Au vu du résultat, il y a peine à croire que la paix est la finalité réelle de la “réconciliation”. M. H. [email protected]