Après une éclipse “momentanée” mais néanmoins sérieusement ressentie par ses innombrables fans de Kabylie, Ahmed Zerrougui, l'auteur bien connu du tube des années 1990 de Yemma Yemma zehriw yemmut, qui demeure, à ce jour, d'une actualité incontestable avec tous les hommages qu'il y consacrait aux maîtres précédents, est revenu depuis le mois de mai dernier, avec un autre album de huit titres, bien “ficelés” en paroles comme en musique, si beaux l'un comme l'autre, en rime et en rythme. Dans Ur yitaja al aamriw (ne m'abandonne pas, Ô mon âme !) dans lequel Ahmed Zerrougui, le “beau gosse” de Draâ Ben Khedda, comme le surnomment ses intimes, décrit le malheur qui l'aurait frappé s'il ne savait pas jouer de sa mandole, sa phobie s'il vient à être abandonné par son “âme”, qui peut être tantôt son instrument par lequel il composait sa musique et s'aide à rimer ses vers, tantôt sa véritable et inséparable compagne dans la vie. Par Tamaict bninen (la vie de délices), Ahmed Zerrougui chante toute la beauté de la vie de jadis, la vie traditionnelle, au long des quatre saisons, chacune avec son mode, sans moyens modernes d'aujourd'hui, mais véhiculant un espoir toujours vif à tous horizons, en couple comme en famille nombreuse ou avec soi-même tout simplement. D'une voix toujours “suavement masculine”, une tignasse, bien blanchie déjà à l'âge enfantin, “le charmant enfant” de l'ex-Mirabeau agrémente l'ensemble des titres de son album d'un rythme emballant et sans fausse note. Avec sa douce musique synchronisée à la voix, l'auditeur éprouvera tout le plaisir de savourer chaque mot d'un kabyle sans néologisme dans les chansons d'Ahmed Zerrougui, dans lesquelles il retrouvera du social, de l'amour, de l'espoir, se fera bercer tel un enfant, etc. Le chanteur y dénonce aussi le phénomène de l'indiscipline sociale, du non-respect d'autrui, la hogra, etc. Pour Ahmed Zerrougui, qui compte depuis la fin des années 1980 sept albums à succès, “la vie est une succession de possibilités nouvelles”, une maxime à laquelle il tente chaque jour de croire, même si parfois il rencontre quelque… démenti. Mais c'est ainsi que la vie va, non !