Il n'y aura pas de normalisation des relations entre la Turquie et Israël si ce pays refuse une commission d'enquête indépendante de l'ONU sur le raid israélien contre une flottille d'aide à Gaza, a déclaré hier le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu. Le ministre a exhorté l'Etat hébreu à “donner son feu vert à la création de la commission prévue par le droit international et proposée par les Nations unies”. Si Israël donne son accord pour une telle commission, “les relations (bilatérales) vont naturellement prendre une autre direction”, a précisé le ministre turc devant la presse. Mais, a-t-il souligné, “s'ils continuent d'échapper à cela, il ne saurait être question d'une normalisation des relations turco-israéliennes”. “S'ils n'acceptent pas cette commission, cela voudra dire qu'ils ont certaines réalités à cacher”, a estimé le chef de la diplomatie turque qui a souligné que son pays était prêt à “répondre à toutes les questions” au sujet de l'abordage israélien. “Il n'y a pas de possibilité d'échapper à cette responsabilité internationale. S'ils y échappent aujourd'hui, ils seront attrapés demain. Car cet événement est d'abord un événement qui va contre la conscience humaine”, a encore affirmé M. Davutoglu. Quant à la question de savoir que deviendrait la coopération militaire turco-israélienne, base des liens jadis étroits entre les deux pays, M. Davutoglu a dit que la Turquie “continue d'examiner cette question”. Le raid israélien du 31 mai, au cours duquel neuf Turcs ont été tués, a suscité un tollé international et tendu à l'extrême les relations israélo-turques. Ankara a rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv et annulé des exercices militaires conjoints. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a indiqué dimanche qu'il s'était entretenu la veille par téléphone avec le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon de la constitution d'une commission d'enquête. “Le travail de cette commission sera très, très important pour nous”, a-t-il déclaré. Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a adopté, le 2 juin à Genève, une résolution approuvant la mise en place d'une “mission d'enquête internationale” sur l'intervention militaire israélienne contre la flottille humanitaire pro-palestinienne. Israël a jusqu'à présent résisté aux pressions pour la création d'une enquête internationale sur ce raid.