La pression internationale contre Israël monte d'un cran. Depuis l'assaut meurtrier contre la Flottille de la liberté le 31 mai dernier, de nombreux pays se sont élevés contre « l'impunité » dont bénéficie Tel-Aviv. Le cercle des amis du peuple palestinien s'élargit. La Turquie – allié stratégique d'Israël – s'est placée en première ligne dans le combat contre l'Etat hébreu. Après avoir rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv, la Turquie a menacé de ne pas « normaliser » ses relations avec Israël dans le cas où ce dernier refuserait la commission d'enquête internationale sous l'égide de l'ONU pour faire toute la lumière sur l'attaque contre la Flottille de la liberté survenue dans les eaux internationales. Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a déclaré hier que si Israël ne donne pas son accord pour une telle commission d'enquête indépendante sous l'égide de l'ONU, « les relations bilatérales vont naturellement prendre une autre direction ». Il a assuré qu'« il n'y aura pas de réconciliation avec Israël tant que ce pays n'acceptera pas une enquête internationale sur son raid contre la flottille pour Ghaza ». Et « s'il continue d'échapper à cela, il ne saurait être question d'une normalisation des relations turco-israéliennes », a averti le ministre turque des Affaires étrangères. Le Premier ministre, Turc Recep Tayyip Erdogan, vite adopté par la rue arabe comme son leader, a indiqué que le travail de la commission d'enquête internationale « sera très important pour la Turquie ». Erdogan veut se replacer dans l'échiquier régional. Propulsé au-devant de la scène par les événements, Erdogan s'offre une autre tribune, à l'occasion de la conférence régionale sur la sécurité qui se tient aujourd'hui à Istanbul à laquelle sont conviés les présidents iranien, syrien, afghan et de l'Autorité palestinienne, ainsi que le Premier ministre russe, Vladimir Poutine. Il tentera de rallier plus de pays à « sa cause ». Par ailleurs, d'autres pays et pas des moindres se sont joints à la proposition du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, portant la mise en place d'une commission d'enquête indépendante. Ainsi, le président français, Nicolas Sarkozy, a invité le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à accepter « une enquête crédible et impartiale » sur l'agression contre la Flottille de la liberté, enquête à laquelle la France est prête à « participer », a indiqué un communiqué de l'Elysée. La présidence française a même insisté sur l'urgence de trouver « une solution pour mettre fin au blocus » imposé à Ghaza depuis 2007. Un embargo qui a plongé la population de la bande de Ghaza dans une situation humanitaire intenable. La position française a été appuyée par la Grande-Bretagne, qui a insisté sur « la nécessité qu'une enquête internationale soit diligentée sur l'assaut de Free Ghaza », a en croire le chef de la diplomatie britannique, William Hague, qui s'est exprimé sur l'agression contre le convoi humanitaire attaqué par l'armée israélienne faisant neuf morts. De son côté, l'Organisation de la conférence islamique (OCI), qui s'est réunie en Arabie Saoudite, a appelé ses Etats membres, ayant des relations diplomatiques avec Israël, à « reconsidérer leurs relations avec Israël, ainsi qu'à reconsidérer toute normalisation ». L'Italie a également « durci » le ton envers Israël. Son ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini, a estimé « inacceptable » la situation dans la bande de Ghaza. Il a dénoncé les conditions de vie « impossibles de la population locale ». Mais bien évidemment, il n'a pas « omis » de rassurer Tel-Aviv. Nous devons trouver le plus rapidement possible une solution pour garantir « la sécurité d'Israël », a-t-il déclaré. Pour lui, il est nécessaire de trouver « un compromis ». Mais malgré toutes ces pressions internationales, Israël semble « narguer » tout le monde. Hier, son ambassadeur aux Etats-Unis, Michael Oren, a déclaré : « Nous rejetons l'idée d'une enquête internationale. » Il compte bien évidement sur le soutien de l'administration Obama. Il est vrai que le silence de Washington au sujet de l'attaque de la Flottille de la liberté est « assourdissant ». Il est interprété comme un soutien total au gouvernement de Netanyahu.