La pression internationale est montée d'un cran sur Israël afin qu'il accepte la création d'une commission d'enquête sur l'assaut sanglant qu'il a mené la semaine dernière contre la flottille d'aide humanitaire "free Ghaza", destinée à la bande de Ghaza, alors que l'Etat sioniste refuse une telle commission. La Turquie, qui a vivement condamné l'agression sioniste contre "la Flottille de la liberté" dans laquelle neuf Turcs avaient été tués, a exigé lundi d'Israël de donner son feu vert à la création d'une commission d'enquête sur cet acte barbare, prévue par le droit international et proposée par l'Onu, comme condition préalable à la normalisation des relations turco-israéliennes. "Si Israël donne son accord pour une telle commission, les relations (bilatérales) vont naturellement prendre une autre direction, mais s'il continue d'échapper à cela, il ne saurait être question d'une normalisation des relations turco-israéliennes", a averti le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. La Turquie, en pointe dans la dénonciation de l'abordage sanglant par la marine israélienne d'un bateau turc il y a une semaine, a invité la conférence asiatique qui s'est ouverte lundi à Istanbul à sanctionner l'Etat juif et à demander la levée du blocus de Gaza. Des dirigeants russes, iraniens et arabes seront présents à cette conférence sur la sécurité régionale qui devrait accentuer un peu plus l'isolement d'Israël. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et son homologue palestinien Mahmoud Abbas sont au nombre des huit chefs d'Etat qui participeront à ce sommet. Le président syrien Bachar el Assad, bien que son pays ne soit pas membre de la Cica, y participera à titre d'invité. Le Premier ministre russe Vladimir Poutine sera également présent. La Turquie compte bien faire monter la pression sur Israël pour que cet Etat lève le blocus auquel il soumet la bande de Gaza. Cette dynamique diplomatique se poursuivra mercredi par une réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe à Istanbul, dans le cadre du "forum de coopération turco-arabe". "Israël a commis un crime contre le droit et les règlements internationaux", a dit le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, lors d'une conférence de presse avec ses homologues afghan et pakistanais avant l'ouverture de la séance. Il a exhorté Israël à accepter une enquête internationale sur le raid de lundi dernier, une idée que les Israéliens ont déjà repoussée. Dimanche, sur CNN, Davutoglu a qualifié d'"intolérable" la politique d'Israël envers les Palestiniens. "La Turquie a été l'un des premiers pays à reconnaître Israël. Mais maintenant nous ne pouvons tolérer la politique de la tension, le blocus de Gaza, les sanctions collectives, l'attaque de civils dans les eaux internationales. Tout cela, nous ne pouvons le tolérer", a-t-il dit. "Si la CICA est l'OCDE de l'Asie, alors la déclaration finale du sommet devra parler de l'attaque israélienne", a dit pour sa part un autre responsable turc. "Si un tel raid avait été mené en Hongrie, par exemple, tous les pays de l'OCDE auraient eu leur mot à dire", a-t-il ajouté, faisant référence à l'Organisation pour la coopération et le développement économiques. Le chef de la diplomatie pakistanaise, Shah Mehmood Qureshi, a également condamné "l'agression injustifiée contre la flottille de la liberté". "Nous sommes à vos côtés", a-t-il dit à son homologue turc. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a jugé vendredi qu'Israël devait être sanctionné après cet assaut. "Plus rien ne sera pareil" dans les relations entre Ankara et l'Etat juif, a-t-il dit. Le Premier ministre malaisien, Najib Razak, a exhorté les autres pays à rejoindre la Malaisie, afin de déposer ensemble une motion au Conseil de sécurité des Nations Unies (ONU), de sorte que le dossier du récent raid israélien contre une flottille d'aide humanitaire à destination de Gaza puisse être soumis à la Cour internationale de justice (CIJ). M. Najib a soumis lundi une motion spéciale à ce sujet au parlement malaisien. Dans cette motion, M. Najib a appelé les pays partageant une position similaire avec la Malaisie sur l'incident à s'efforcer d'obtenir une opinion d'experts de la CIJ, tout en proposant une motion à l'Assemblée générale de l'ONU. La CIJ, créée en 1946 et siégeant à La Haye, a pour principales fonctions de régler des conflits juridiques soumis par les Etats et de donner un avis sur des questions juridiques présentées par des organes et des agences internationaux agréés par l'Assemblée générales des Nations Unies. De son côté, le vice-président américain Joseph Biden a déclaré lundi que les Etats-Unis et leurs alliés cherchaient de nouveaux moyens de répondre à une série de problèmes dans la bande de Gaza, soumise à un strict blocus israélien. M. Biden s'exprimait dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh après un entretien avec le président égyptien Hosni Moubarak. Il a affirmé que les Etats-Unis menaient des consultations étroites avec l'Egypte et d'autres partenaires sur la manière de répondre "aux aspects humanitaires, économiques sécuritaires et politiques de la situation à Gaza".