Ce capitaine du Brésil à l'air sévère est plus doué pour la défense martiale que pour le football samba, mais la troisième participation de Lucio à un Mondial éclaire l'importance dans la Seleçao de ce leader dans l'âme longtemps cantonné à l'ombre. Si son équipe remportait le tournoi, il aurait l'honneur suprême d'être le premier à lever le trophée du “hexacampeao” (six fois champion), lui qui avait déjà été de l'aventure du “pentacampeao” en 2002. Sans faire de bruit, le joueur de 32 ans va en tout cas devenir le premier défenseur central brésilien à connaître trois Coupes du monde comme titulaire (sept matches en 2002, cinq en 2006). “Battre des records, ce n'est pas quelque chose que je recherche, tempère-t-il. Être meilleur que l'un, meilleur que l'autre... Ce n'est pas dans ma personnalité, dans mon caractère. Je cherche toujours à aider de la meilleure des manières possibles. Ma joie est la même qu'en 2002. Mon désir est le même ; pour moi, c'est comme si je disputais ma première Coupe du monde”, assure Lucimar Ferreira da Silva (son état civil complet), 91 capes. Le sélectionneur Dunga n'a pas hésité à confier le brassard de capitaine à ce leader, aussi rude sur le terrain qu'il est doux dans la vie. Il y a une parenté entre les deux hommes, peu “brésiliens” dans le jeu mais capables d'insuffler discipline et rage de vaincre à des troupes parfois gagnées par la désinvolture. Dunga fait d'ailleurs partie de ses modèles, “pas parce que c'est le sélectionneur actuel, c'était déjà le cas avant”, précise-t-il quand même. “Je me souviens toujours de l'image de 1994, quand Dunga a soulevé la coupe. C'avait été un grand bonheur. À partir de ce moment, j'ai commencé à rêver d'être dans la sélection brésilienne, d'être joueur professionnel. C'a été une inspiration, sans aucun doute.” Lucio insiste aussi sur “l'humilité” nécessaire pour demeurer performant. “Garder les pieds sur terre”, c'est son leitmotiv. Même si les siens se sont envolés à la 84e minute de la finale de la dernière Coupe des Confédérations pour placer une tête gagnante contre les Etats-Unis (3-2), le 28 juin 2009. Depuis, il a quitté le Bayern Munich, qui souhaitait s'en débarrasser après cinq ans de bons et loyaux services, pour devenir l'un des principaux artisans du triplé de l'Inter de Milan. Ses états de service, s'appuyant notamment sur du “vice” (version péjorative) ou de l'“expérience” (version positive) pour toutes ces fautes qui échappent à l'arbitre, parfois même dans la surface de réparation, ont éclairé d'un jour nouveau un défenseur désormais reconnu et redouté. Depuis un an, Lucio s'empare de tous les trophées possibles. Il en reste un en lice : le plus lumineux.