La construction du nouveau siège des AE pose problème. Le marché obtenu par une société italienne sera passé suivant la procédure de gré à gré. Le président Bouteflika a approuvé, avant-hier, en Conseil des ministres, la réalisation d'un nouveau siège pour le ministère des Affaires étrangères sans en expliquer les raisons. Il s'est contenté d'écouter la communication du ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, portant sur la procédure de réalisation du siège de son département, pour ensuite approuver le recours à la formule de “gré à gré pour sa construction après avoir constaté que l'appel d'offres a montré ses limites”. Pourquoi un nouveau siège pour le ministère des Affaires étrangères alors que l'actuel est fermé ? Aucune réponse n'a été fournie quant à l'opportunité d'un tel projet, déclaré en Conseil des ministres comme “revêtant un caractère prioritaire et d'importance nationale”. Tout comme aucune explication n'a été donnée sur les raisons de la fermeture, par le président de la République lui-même, en 1999, de ce siège acquis depuis 1984, dont la réalisation a été confiée à un éminent architecte italien et qui a coûté 500 millions de dinars. En effet, sur les 200 bureaux que compte le département de Belkhadem, 7 bureaux uniquement sont utilisés par les chargés de mission. Aussi, l'ancien siège des A.E. avait-il été complètement rénové par une entreprise italienne sans avis d'appel d'offres pour la somme de 60 milliards de centimes. L'opacité entoure également la procédure concernant la réalisation de ce ministère. Et pour cause. Bouteflika, pour réaliser le siège de ce ministère, élabore un nouveau projet tout en connaissant l'existence d'anciens projets. Un projet d'étude et de réalisation d'un siège de ce ministère à Aïn Allah (Dély-Ibrahim) avait été, en effet, élaboré dans les années 1970. Les plans d'études avaient coûté à cette époque, à eux seuls, selon des diplomates, 5 millions de dollars. De plus, le projet avait été confié à Oscar Niemeyer, un architecte brésilien de renommée internationale. Ce dernier est l'architecte qui a réalisé Brasilia, capitale du Brésil, et une partie du campus de Bab Ezzouar. En laissant dans les tiroirs le projet d'Oscar Niemeyer, le président Bouteflika aura certainement à allouer une enveloppe budgétaire de pas moins de 100 millions de dollars pour la réalisation de ce nouveau siège. Cette somme faramineuse représente le prix d'une centrale électrique ou d'une unité de dessalement de l'eau de mer, affirment des spécialistes. Pourquoi Bouteflika investit-il dans un siège du ministère des Affaires étrangères quand il peut le faire dans des projets d'utilité publique ? “Il s'agit d'un renversement de l'échelle des priorités chez le président Bouteflika”, disent certaines sources proches du Président. Elles en veulent pour preuve son attitude à l'occasion de sa visite le 29 mai 2002 à Oran. À cette occasion, le chef de l'Etat avait posé la première pierre de la réalisation d'une unité de dessalement de l'eau de mer à Arzew devant alimenter le Tout-Oran. Ce projet, disent les mêmes sources, “est resté au niveau de la pose de la première pierre”. Le comportement du Président à l'encontre de l'argent public tient du fait qu'aucun contrôle ne s'exerce sur lui : il n'y a aucun mécanisme de contrôle des dépenses au niveau de la présidence, la destination de l'argent public n'est pas contrôlée et la Cour des comptes, censée mener des enquêtes sur l'argent public, a été bloquée par ce même Bouteflika, souligne notre source. N. M.