Alors que certains tremblent rien qu'à évoquer le match des Verts face aux Anglais, d'autres, le souvenir de 1982 contre l'Allemagne à fleur de la mémoire, croient sérieusement au miracle, et d'autres encore, mais peu nombreux, sont carrément passés de “Maâk y a el khadra” à “Maâk y a el khoudhra”, un slogan, sinon un jeu de mots souvent employé par ceux qui disent avoir la tête ailleurs et des préoccupations de la vie de quotidienne autres que l'équipe nationale. Dans les rues et cafés des villes et villages de la Kabylie comme d'ailleurs sur tout le reste du territoire national et aux quatre coins de la planète, c'est en tout cas le sujet de la Coupe du monde qui alimente les discussions les plus folles, qui enfle les polémiques les plus intenses et qui polarise les attentions les plus particulières. En traversant l'avenue Abane-Ramdane, communément appelée la Grande rue de Tizi Ouzou, les vendeurs d'effets vestimentaires, notamment des maillots trafiqués des joueurs de l'équipe nationale, drapeaux, écharpes et fanions aux couleurs nationales sont déjà installés depuis bien longtemps. À vrai dire, ils n'ont pas quitté leurs places depuis la fièvre des qualifications des Fennecs au Mondial durant les derniers mois de l'année 2009. Ces commerces de fortune continuent de faire des petites fortunes bien que la fièvre des qualifications semble avoir cédé la place à la peur d'une sortie peu honorable des Verts du tournoi international. On ne se bouscule pas devant ces commerces comme cela a été le cas à la veille des deux matchs du Caire et de Khartoum en novembre dernier mais “on s'en sort toujours assez bien en termes de recettes”, rétorquent ces jeunes vendeurs qui n'iront pas jusqu'à dévoiler leurs recettes. Visiblement, en tout cas, ce n'est toujours pas la grande ruée des acheteurs ! “Je garde toujours le maillot et le drapeau que j'ai achetés en novembre dernier”, disent les jeunes des quartiers où règne une ambiance particulière à la veille de chaque match des Verts. Ce n'est, par contre, pas le cas chez les libraires et les vendeurs de cartes TV et les disquaires. La consommation de l'information sportive connaît à nouveau un boom. Les responsables des journaux le savent et ils en servent à satiété. “Ça nous permet de nous évader de cette chose politique qui nous rend la vie noire et des photos de ces indésirables gouvernants qui écument habituellement les unes des journaux”, répondra un jeune au moment d'aller payer, à l'instar de nombreuses autres personnes, trois quotidiens, qu'il n'a pourtant pas l'habitude d'acheter. Des plus acceptables aux plus invraisemblables, les commentaires vont bon train à tous les coin de rue. Quand les discussions ne portent pas sur le rapport qualité/prix des cartes TV qui permettront de suivre un maximum de matchs, c'est naturellement sur les pronostics, la santé des joueurs et de l'équipe dans son ensemble, que celles-ci portent. Debout derrière le comptoir d'un café du coin, bien connu à Tizi Ouzou, Achour ne cesse, parfois en oubliant ses clients, de participer à une discussion qui se déroule autour d'une table. “Avoir l'Angleterre dans son groupe est une chance”, lancera-t-il. Avant d'expliquer que cette équipe, donnée comme une des favorites de ce Mondial, a de grandes chances de gagner ses 3 matchs des poules et si les Verts gagnent le premier match contre la Slovénie, elle aura de fortes chances de se qualifier au second tour. Pour ses interlocuteurs qui se basent sur les résultats et la qualité de jeu durant les derniers matches amicaux, c'est justement ses chances de gagner face à la Slovénie qui sont minimes. Sauf miracle ! disent-ils. Ce mot qui revient sur toutes les lèvres à Tizi Ouzou et qui laisse apparaître à la fois le scepticisme qui gagne les esprits et aussi l'espoir de voir l'équipe nationale se qualifier au second tour. “Faute de cette qualification on se contentera de cette historique qualification des Verts au premier Mondial sur la terre africaine”, entend-on dire à la fin de chaque conversation. En tout cas, à J-2 du match Algérie-Slovénie tout le monde à Tizi Ouzou croise les doigts.