Dans son audience de mercredi dernier, la cour criminelle de Mascara a traité une affaire liée à un viol commis par un cheikh d'une école coranique sur une mineure de 17 ans, malade de surcroît et qui lui a été confiée par ses parents afin qu'il la guérisse par l'usage de la roqia. Et, c'est dans le but évident de soulager sa sœur malade que son frère se rend, en date du 5 novembre 2009, au souk hebdomadaire de Maoussa, un rendez-vous de toutes les transactions commerciales, pour lui acheter auprès des charlatans un remède à base de plantes médicinales à même de guérir la mineure qui souffre de troubles psychologiques la faisant pleurer sans cesse, une maladie inquiétante, car ayant touché auparavant sa tante qui en est morte. Outre la lotion qu'il lui vend, l'herboriste recommande à son client un cheikh qui pratique la roqia. Sans perdre de temps, le jeune homme se rend dans la commune de Matemore à la recherche du domicile du cheikh qu'il finit par trouver eu égard à la réputation dont il jouit dans la région. Il explique au taleb l'objet de sa visite et parvient à le convaincre de l'accompagner chez lui au douar Mehafidh, relevant de la commune de Maoussa. Au domicile, le taleb délimite une aire qu'il arrose d'une eau préparée et interdit aux membres de la famille de s'approcher de cette espace mouillé et de la fille en les informant que la malade est “habitée” par un djinn qui risque de toucher une autre personne. Les membres de la famille observent les recommandations de leur visiteur. Le cheikh entre seul dans la chambre de la malade, observe l'état des lieux et commence par lui faire changer de place en plaçant son lit derrière la porte d'entrée. Il fait avaler à la jeune fille des substances pour l'endormir et profiter de son silence. Si, dehors, tous les membres de la famille attendent avec impatience les effets de la roqia, à l'intérieur, l'imam, qui dispense également aux enfants le Coran tout en poursuivant des études à l'Institut islamique de Relizane, déshabille la jeune fille, la viole et passe en sa compagnie près de trois heures. Une fois son forfait accompli, il quitte la maison, laissant sa victime dans un état second. Il invite les parents à ne pas déranger leur fille qui dort d'un profond sommeil et de ne la réveiller que le lendemain. Il dîne avec eux, empoche son dû et quitte le douar. Impatiente, la mère retrouve au petit matin sa fille dénudée, dans un état lamentable avec des vêtements ensanglantés déposés sous l'armoire. La malade est conduite chez un médecin légiste qui confirme la perte de sa virginité. Munis d'un certificat médical, les parents déposent une plainte au niveau des services de sécurité et la procédure est entamée. Tout comme au premier jour, l'accusé nie les faits qui lui sont reprochés devant les magistrats. Après délibérations, la cour le condamne à dix ans de prison ferme pour viol sur une mineure.