La profession de vendeur d'eau se professionnalise et représente une… source de profits pour l'indu porteur d'eau. Mais, d'une part, le métier requiert un vétuste tracteur qui a dû faire les beaux jours de la révolution agraire, avant qu'il n'ait été détourné de sa vocation première. Plus grave, l'irrespect du code de la route est l'autre tare à l'actif de ces… porteurs d'eau Essafsafa n'est plus cet îlot de chaumières bucoliques à l'écart de l'abondance des “djenane s'fari” (Les vergers) de Birkhadem, de Shaoula et à l'estuaire des vignobles d'autrefois d'Aïn Naâdja au Gué de Constantine. En effet, le hideux béton d'horribles bunkers s'est substitué aux vergers d'agrumes et de primeurs qu'ensemençaient jadis “ness el fah's” (les banlieusards) d'Aïn Naâdja “q'dima” (le vieil Aïn Naâdja). Pis encore, à la calamité rampante du béton, se sont insérés l'extension des moyens de liaison et le négoce, qui désenclavèrent à la hussarde le hameau d'Essafsafa. Peut-être qu'il faudra applaudir pour y approuver le développement d'Essafsafa, si l'essor n'a pas été altéré par l'esprit écervelé et incohérent de l'autorité d'alors. Effectivement, l'“envolée” d'Essafsafa n'a profité en réalité qu'aux barons du foncier à l'époque où la situation du pays était au… sauve-qui-peut. Pour l'exemple et au lendemain de la paix retrouvée, la politique du fait accompli a eu raison du détournement des terres agricoles qui furent morcelées au pas de charge avec d'irrationnels lotissements pour y reproduire l'image hideuse d'El-Hamiz, en lieu et place d'une ville nouvelle. Et depuis, les tenants du nouvel “eldorado” des affaires de bric et de broc ont fait main basse sur la quiétude champêtre d'Essafsafa. En effet, l'agglomération intermédiaire entre Birkhadem (Le puits de la servante) et Gué-de-Constantine est devenue le carrefour de désœuvrés en quête d'emploi saisonnier, voire précaire. Mais, en même temps, les intermittents des métiers du bâtiment se recrutent à proximité des marchands de matériaux de construction, où acheteurs et manutentionnaires se croisent. Aujourd'hui encore, le quartier incontournable pour les affaires a engendré la corporation… “soudée” de vendeurs d'eau, venus se faire une place dans le monde des affaires. Issus d'infécondes contrées de l'Algérie profonde, notamment la région du Hodna à M'sila et Sour El-Ghozlane (ex-Aumale), ils sont là, dit-on, par la grâce d'un zeste de culot, d'un appui de l'administration et le tour est joué pour y tracter, chaque jour qu'Allah fait, des citernes d'une capacité de 2 000 litres au moyen de tracteurs qui n'ont plus leurs feux arrières. D'ailleurs, tout n'est que… “benef” pour ces vendeurs d'eau qui, selon cet autoconstructeur : “Ils s'approvisionnent auprès de prétendus propriétaires de sondes pour la modique somme de 200 DA la citerne, qu'ils revendent aux autoconstructeurs et aux tenanciers de stations de lifting pour la mirobolante somme de 800 DA.” La belle affaire conclue ainsi au nez et à la barbe du beylik. Mieux, et pas besoin de figurer dans le Bottin, étant donné que ces vendeurs d'eau ont aujourd'hui pignon sur rue et la… station où ils parquent leurs engins est établie à un jet d'eau du château d'eau et des locaux de l'établissement Seaal. Etrange ! Vous avez dit étrange ? En attendant que l'autorité s'intéresse au détournement d'une richesse publique, osons une question à brûle-pourpoint : Qu'en est-il de la prévention du risque épidémiologique, inhérent aux maladies à transmission hydrique ?