Outre les frasques que vit la filière de lait, en prime un dialogue de sourds entre l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) et les transformateurs de lait, voilà qu'une autre catégorie risque de disparaître après une expérience encourageante de plusieurs années. Il s'agit des collecteurs de lait. Ce maillon faible de la chaîne de la filière lait en sachet risque de mettre la clé sous le paillasson. Selon Amine, un collecteur de la wilaya d'Oran, plusieurs laiteries collectent elles-mêmes le lait cru de vache. Du coup, les éleveurs se font rares, affectant sérieusement ses recettes. “Je récoltais 500l/jour en moyenne. Et avec 5 DA/l, de marge bénéficiaire, je m'en sortais. Mais depuis que la laiterie a repris mes clients, je n'arrive plus à collecter que 300l/j. Les petits éleveurs ont plié devant le diktat des transformateurs de lait.” En effet, les éleveurs préfèrent les laiteries aux collecteurs pour éviter le refus par ces dernières, de leur quantité de lait. Aujourd'hui, le nombre des collecteurs ne cessent de diminuer face à la nouvelle donne des transformateurs. “Nous sommes une quinzaine de collecteurs au niveau de la wilaya d'Oran. Il y a des cadres universitaires et ceux de l'Ansej. Aujourd'hui, les collecteurs de lait se dirigent droit vers la faillite. Les grosses boîtes de lait imposent leur loi. Nous ne pouvons rien face à ces puissants transformateurs de lait”, dira encore notre interlocuteur. En effet, même l'Etat n'arrive pas à faire plier les transformateurs de lait qui brandissent la menace de l'arrêt de leurs outils de travail. Le quota de la poudre de lait, l'exigence de la hausse du prix du lait en sachet, sont les points de discorde et les points importants des revendications des transformateurs de lait qui profitent de la situation. Le dindon de la farce reste toujours le consommateur, qui boit, souvent, du lait en sachet de mauvaise qualité chèrement payé. D'ailleurs, le tribunal d'Oued Tlélat a traité plusieurs affaires concernant la mauvaise qualité de lait en sachet, et des laiteries contrôlées par les services d'hygiène et de la qualité, ont été lourdement sanctionnées par la justice, avec des amendes de plusieurs millions de centimes. Le cri de détresse des collecteurs de lait vient s'ajouter à celui des consommateurs aux faibles revenus financiers, otages d'une filière incontrôlable.