Les transformateurs de lait campent sur leur position tant que la subvention n'est pas versée. Asphyxiés, par le prix de vente administré du sachet de lait, alors que la poudre sur le marché mondial a atteint des sommets insoupçonnés, un envol sans précédent depuis le début de l'année, ainsi que par les subventions de l'Etat qui n'arrivent pas dans les comptes de leurs entreprises, les transformateurs de lait ont décidé de faire grève. Les délégués régionaux de la confédération ont dénoncé “encore une fois” depuis le début de l'année, l'insuffisance du niveau de la subvention, le retard (4 mois) dans son règlement, la rupture des stocks de poudre de lait et la défaillance de l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) dans la livraison de cette matière première. Résultat : pénurie sans précédent de sachets de lait au centre du pays. Une tension qui risque de durer, d'autant que la réunion qui a regroupé la semaine passée ces opérateurs et les responsables de l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) n'a pas abouti à des résultats de nature à pousser les concernés à reprendre la production. L'arrangement proposé par l'Onil n'agrée pas les transformateurs de poudre de lait. Du coup, c'est le statu quo, du moins à ce niveau, en attendant l'intervention des pouvoirs publics. Mais l'urgence dans l'immédiat pour les producteurs en grève est de recevoir les subventions promises, pour reprendre le travail. Le président de la Fédération de l'agroalimentaire, affiliée à la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), intervenant hier sur la radio Chaîne III estime, que les transformateurs reprendront la production une fois la subvention versée. Elle pourrait intervenir rapidement “dans deux jours”, estime-t-il. “Le plus tôt sera le mieux”, ajoute-t-il. Un décret exécutif est attendu dans ce sens. “Il n'est pas question de fermer nos usines”, rassure le président de la Fédération de l'agroalimentaire. D'ici-là, les habitants de la région centre devront prendre leur mal en patience. Cependant, la crise de la filière, elle, risque de durer. Dopé par la conjugaison de plusieurs, facteurs, le marché mondial du lait est toujours en ébullition. C'est pour cela que les producteurs privés demandent à ce que la valeur de la subvention soit ramenée à au moins 25 DA par sachet de lait au lieu de 15 DA actuellement. La subvention est cependant appelée à disparaître, logiquement à la faveur de la mise en place de l'Onil, lequel se chargera d'approvisionner les transformateurs privés et publics. Le comité interprofessionnel ne sera mis en place qu'après la signature d'un arrêté interministériel. L'Office national interprofessionnel du lait (Onil) dispose de quantités suffisantes de poudre de lait pour approvisionner le groupe public Giplait et les laiteries privées, avait annoncé M. Mohamed Tahar Benyoucef, président-directeur général de l'Onil, récemment sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Dès le mois d'octobre, fait-il observer, l'Onil a saisi les producteurs pour exprimer leurs besoins en poudre de lait, Giplait a répondu mais pas les producteurs organisés dans la Cipa. Le P-DG de l'office, se voulant rassurant, a parlé de la disponibilité de la poudre de lait en quantités suffisantes. La couverture, selon lui, pourrait être assurée jusqu'à mai prochain, pour les besoins qui sont de 8 500 tonnes/mois pour Giplait et les laiteries privées. Malheureusement, la réunion qui a regroupé les deux parties la semaine passée n'a pas aplani les divergences. Pour autant cette politique de subvention ne tiendrait pas la route si le gouvernement ne cherche pas à régler le problème de la disponibilité du lait dans le fond. Le ministre du Commerce, M. Djaâboub, avait une fois indiqué que l'Algérie consomme environ 3,5 milliards de litres par an. La production locale est estimée à 2,2 milliards de litres. Il y aurait 900 000 vaches laitières. Seuls 250 millions de litres sont collectés. Deux milliards de litres ne le sont pas. Le partenariat agriculteurs et producteurs de lait peut constituer une solution. Cette stratégie fait actuellement maturation, en concertation avec les pouvoirs publics, l'Onil et l'Union nationale des paysans algériens (UNPA) et les producteurs privés. Il s'agit en fait de créer de grandes fermes de production laitière, en rapprochant tous les acteurs de la chaîne du lait, agriculteurs, éleveurs de vaches, collecteurs, producteurs et transformateurs de lait. M. R.