L'Unpef va jusqu'à soutenir que si les pouvoirs publics veulent la priver du droit de grève, ils n'ont qu'à organiser un référendum en vue de supprimer la disposition y afférente contenue dans la Constitution. Les mises en garde adressées, dimanche dernier, par le SG du ministère de l'Education nationale aux syndicats de l'éducation n'ont pas laissé indifférent. “Les menaces ne nous feront pas fléchir et le spectre de la grève planera sur le secteur tant que les revendications ne sont pas satisfaites”, ont répliqué les principaux syndicats de l'éducation nationale. Contacté par nos soins, le SG du Cnapest dira : “C'est le ministère qui nous pousse à faire grève. Il ne nous laisse pas d'autre choix. Il refuse de dialoguer avec nous et nous sommes contraints de nous faire entendre via la presse.” M. Nouar ajoute : “en tant qu'enseignants et pédagogues, nous avons des critiques et des propositions à faire mais, faute de contacts et de rencontres entre la tutelle et le partenaire social, nous n'avons que les colonnes des journaux ou la grève.” Et d'insister sur le fait “d'être poussés vers le débrayage, non pas pour pénaliser les élèves, mais c'est l'unique alternative”. Le SG du Cnapest justifie ses propos en rappelant qu'avant toute protestation, une plateforme de revendications est transmise au ministère de l'Education nationale, “mais elle reste sans suite, ce qui nous pousse à nous tourner vers notre droit constitutionnel”. Pour M. Nouar, “la grève est une arme constitutionnelle que nous n'avons pas choisie mais vers laquelle on est poussés”. Et le Cnapest n'est pas près de baisser cette arme à la prochaine rentrée scolaire : “Si la rentrée scolaire a lieu dans les mêmes conditions et que nos revendications restent lettre morte, nous ferons grève.” Même discours du côté de l'Unpef qui va jusqu'à souligner que “si les pouvoirs publics veulent nous priver du droit de grève, ils n'ont qu'à organiser un référendum en vue de supprimer la disposition y afférente contenue dans la Constitution”. Précisant d'abord que le SG du MEN “a l'habitude de faire des déclarations encore plus graves que celles de dimanche dernier”. Sadek Dziri dira qu'“en tant que syndicat, l'Unpef a deux missions principales : la première a trait aux conditions socioprofessionnelles des enseignants et la seconde est relative au système éducatif. Nous ne renoncerons jamais à cette deuxième mission dont la tutelle veut nous priver, car nous faisons des critiques constructives”. Revenant sur les “limites rouges” que les syndicats ne doivent pas dépasser selon le SG du MEN, Sadek Dziri rétorque : “Nous ne comprenons pas quelles sont ces lignes ou ces limites. Qu'il nous explique cela. Serait-ce la critique constructive, la grève ou la contestation ?” Et d'ajouter : “Que le SG prouve que des syndicalistes de l'éducation agissent à des fins politiques”. Pour ce qui est “du dialogue” prôné par Khaldi, le responsable de l'Unpef note : “Nous sommes pour le dialogue à condition qu'il soit concret et responsable aboutissant à des résultats tangibles.” Il conclut : “Nous sommes certes pour les négociations mais si nos revendications ne sont pas satisfaites, nous avons le courage d'user de notre droit constitutionnel.” Pour Sadek Dziri, la grève est un droit constitutionnel, tout comme le droit à la scolarisation. “C'est au ministère de résoudre cette équation.” De son côté, le Snapest estime que les déclarations de M. Khaldi “sont un dérapage verbal incontrôlé et une provocation inutile”. Pour M. Meriane, “les syndicats ont fait preuve jusque-là de respect des lois de la République. Les grèves sont logiques et avaient toutes des raisons tangibles”. En témoigne, selon lui, l'arrêt du mouvement au lendemain de la prise en charge des revendications formulées. M. Meriane ne comprend pas les critiques du SG du MEN contre les syndicats “alors que nos propositions sont prises en compte par la tutelle. Je citerai, par exemple, la bonification pour les contractuels qui passent le concours de recrutement d'enseignants”. Le Snapest “voudrait bien que la grève, qui pénalise également les enfants des enseignants, n'ait pas lieu, mais c'est l'unique alternative”. Une issue que le Snapest envisagera à la prochaine rentrée scolaire, si les problèmes persistent.