La coordination syndicale a refusé, hier, de s'asseoir à la table du dialogue dès lors que des syndicats représentatifs, mais néanmoins non agréés ne sont pas associés à la démarche. “Le préavis de grève est illégal car la coordination n'a pas d'existence légale”, s'est employé à expliquer Boubekeur Benbouzid, en recevant hier, à sa demande, les représentants de l'Union nationale des professionnels de l'éducation et de la formation. Le ministre de tutelle, entouré de son staff, a tenté de persuader ses interlocuteurs que l'intersyndicale à laquelle l'UNPEF est associée relève d'une démarche vaine, car sa composante comprend des organisations non agréées. Cette instance mise en place, il y a plus d'un mois, est constituée de cinq formations. Trois, en l'occurrence l'UNPEF, le SETE (Syndicat d'entreprise des travailleurs de l'éducation de Béjaïa-UGTA) et le Satef (Syndicat algérien des travailleurs de l'éducation et de la formation) sont reconnus par l'administration alors que le CLA (Coordination des lycées d'Alger) et le Cnapest (Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) sont considérés comme illégitimes. “En privilégiant les uns et pas les autres, Benbouzid a voulu piéger la coordination et la diviser. Mais, il est tombé dans son propre piège”, commente Radouane Osmane, porte-parole du CLA. Dans une déclaration diffusée avant la rencontre entre le ministre et les syndicalistes de l'UNPEF dans la matinée d'hier, le CLA avait condamné l'attitude de la tutelle, considérant qu'elle “ne peut sur ordre neutraliser la grève nationale du 15 et 16 janvier décidée en toute démocratie par tous les travailleurs de l'éducation nationale, toutes catégories confondues”. Craignant la manipulation des responsables de l'UNPEF, l'organisation de Osmane les a mis face à leurs responsabilités. Finalement, M. Ider et ses camarades n'ont pas déçu dans la mesure où ils ont refusé l'offre de négociation du ministre, en l'absence de leurs camarades de l'intersyndicale. “Nous n'avons pas créé la coordination pour la tuer aujourd'hui”, soutient le secrétaire général de l'UNPEF. Joint au téléphone pour connaître son appréciation du contenu des discussions avec le ministre, il s'est contenté de faire écho des observations et des prédications de Benbouzid. Si de son propre aveu, le ministre s'est montré “très correct”, il s'est voulu par ailleurs très ferme, prévenant qu'il “allait appliquer la loi dans toute sa rigueur”. “Nous voulons bien qu'il applique la loi, toute la loi et reconnaisse notre droit à la grève”, réplique Ider. Intransigeant et solidaire, il n'entend guère, pour sa part, faire marche arrière. “Nous ne reculerons pas d'un pas”, assène-t-il déterminé. Aussitôt après le rendez-vous du ministre, le SG de l'UNPEF s'est empressé d'informer les membres de l'intersyndicale de l'issue des pourparlers. Passé l'intermède de l'Aïd, l'intersyndicale se réunira, sans doute vendredi prochain, pour une ultime mobilisation des troupes, en perspective de la grève. “Il n'est pas question de la geler tant que des négociations ne sont pas ouvertes avec l'ensemble des syndicats de la coordination”, rappelle le SG de l'UNPEF. Néanmoins, il a accepté de revoir le ministre ce matin, pour débattre de la plate-forme des revendications. “Il nous a dit qu'il allait nous donner des réponses”, confie Ider. Manifestement, le département de Benbouzid ne désespère pas d'apprivoiser l'UNPEF. Hier aussi, il recevait le bureau du SNTE (Syndicat national des travailleurs de l'éducation). “Une aile uniquement”, rectifie Osmane. Le porte-parole du CLA rappelle que le SNTE s'est désengagé de l'action de l'intersyndicale et ne parle qu'en son nom. “Il a posé les mêmes problèmes que nous”, observe Ider pour sa part. Les exigences propres à l'intersyndicale reposent sur quatre points : l'augmentation des salaires, la revalorisation de la retraite, la promulgation du statut spécifique des travailleurs de l'éducation ainsi que la préservation de la liberté de l'exercice syndical et du droit de grève. “La paix sociale que réclament les pouvoirs publics ne peut être bâtie sur l'injustice et l'arbitraire envers les enseignants, les travailleurs des corps communs et le personnel de l'administration qui, au prix de sacrifices inhumains, font accéder des milliers de nos enfants à l'instruction et à la citoyenneté”, note le CLA. Osmane convoqué par la police Radouane Osmane a été convoqué hier par la police sur instruction du parquet pour être entendu sur la grève des lycées de février 2005. La justice reproche au porte-parole du CLA d'avoir incité les enseignants à débrayer. “La décision a été prise en assemblée générale”, rectifie-t-il pour sa part. Cependant, ce qui le révulse est l'exhumation de toute cette affaire maintenant. “Il n'est pas surprenant que je sois cité en pénal”, pressent Osmane. Selon lui, l'instrumentalisation de la justice vise à l'intimider et le détourner des objectifs de l'intersyndicale SAMIA LOKMANE