Revigoré sur la scène régionale à la faveur de l'assaut israélien contre la flottille humanitaire, composée de six bateaux acheminant des centaines de militants pro-palestiniens et 10 000 tonnes de matériel, pour briser le blocus imposé à la bande de Gaza, fin mai dernier, le régime turc semble surfer sur la vague de sympathie qu'il a suscitée au sein de la rue arabe et musulmane de façon générale pour s'imposer comme un acteur incontournable dans la région du Proche-Orient. Depuis quelques semaines, en effet, les responsables turcs dont beaucoup de victimes dans la flottille figurant parmi leurs concitoyens ne ratent aucune occasion pour tirer à boulets rouges sur le régime sioniste accusé de “terrorisme d'Etat”. “Ce sont des tirs délibérés. Une victime a reçu cinq balles. C'est une agression barbare”, a estimé hier à Alger l'ambassadeur turc, Son Excellence Ahmet Neçati Begali, lors d'une conférence au centre des études stratégiques du journal gouvernemental Echaâb. Selon lui, le fait que Tsahal ait attaqué le navire battant pavillon turc est “une atteinte à la souveraineté nationale”. Mais de là à dire que le régime d'Ankara est disposé à engager un bras de fer avec le régime hébreu avec lequel il entretenait jusque-là des relations de coopération, il y a un pas qu'il est difficile de franchir. “Après l'agression, on a gelé nos activités avec Israël car nous considérons que l'attaque de la flottille est un terrorisme d'Etat. Ce qu'on attend d'Israël est qu'il se conforme au droit international”, a-t-il réclamé. Un réconfort : cette agression, selon le diplomate, a provoqué une condamnation internationale. Est-ce qu'il faut s'attendre à la permanence du froid entre Ankara et Tel-Aviv ? “Notre objectif est d'avoir zéro problème avec nos voisins”, affirme Ahmet Neçati. Un vœu tout de même : “On demande la suppression du blocus sur Gaza car la situation dans cette région est une affaire internationale et humanitaire”, a-t-il expliqué. À ceux qui doutent que la flottille ait été commanditée par Ankara, l'ambassadeur insiste que c'est une initiative d'une ONG.