Le procès des sept auteurs présumés d'un projet de conspiration contre le gouvernement islamo-conservateur turc du Parti de la justice et du développement (AKP), dont un colonel et un ancien maire d'Istanbul, s'est ouvert hier à Istanbul, selon l'agence de presse Anatolie. L'un des principaux protagonistes de l'affaire, le colonel de marine Dursun Ciçek, a assisté, en compagnie de quatre autres prévenus, à la première audience qui s'est tenue dans la prison de Silivri (banlieue d'Istanbul), a ajouté Anatolie. Le colonel Ciçek est accusé d'avoir rédigé un “plan d'action contre les forces réactionnaires” alors qu'il occupait un poste à l'état-major des armées. Le plan prévoyait de lancer de fausses accusations contre l'AKP pour le discréditer aux yeux de l'opinion et entraîner la chute du gouvernement. Le cerveau présumé du plan, Bedrettin Dalan, un ancien maire d'Istanbul et fondateur d'une université stambouliote, actuellement en fuite à l'étranger, devait être jugé in absentia. Selon l'accusation, il devait diriger un nouveau gouvernement une fois l'AKP éloigné du pouvoir. Le parquet réclame la prison à vie pour MM. Dalan et Ciçek et jusqu'à près de 60 ans d'emprisonnement pour les cinq autres suspects, accusés notamment de “tentative de renversement du gouvernement”. Après avoir rejeté une demande de dessaisissement prenant pour motif la présence d'un militaire parmi les accusés, la cour a ajourné le procès pour faire examiner par une autre instance une objection de la défense demandant le retrait de certains juges. L'affaire du “plan d'action” est l'une des différentes enquêtes en cours sur le réseau Ergenekon, accusé d'avoir voulu semer le chaos en Turquie avec des attentats pour favoriser un coup d'Etat militaire, qui ont conduit à l'inculpation de près de 300 personnes. Les enquêtes, débutées en 2007, sont controversées. Certains observateurs y voient un moyen pour le gouvernement de faire taire l'opposition laïque, alors que d'autres perçoivent une avancée sans précédent de l'Etat de droit en Turquie. L'armée, qui a renversé quatre gouvernements depuis 1960, se considère comme la garante de la laïcité.