Neuf officiers d'active, dont deux amiraux, et deux militaires à la retraite, dont un général, ont été placés en détention préventive après interrogatoires par les procureurs Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a mis en garde l'armée hier assurant que «personne n'est au-dessus des lois», au moment où 11 autres militaires ont été mis en détention préventive dans le cadre d'une enquête pour complot présumé contre le gouvernement en 2003. Le chef du gouvernement s'est montré particulièrement ferme en excluant toute impunité dans le cadre de cette affaire, qui a provoqué une grave crise de pouvoir dans le pays. «Ceux qui préparent des plans en secret pour écraser la volonté du peuple doivent se rendre compte qu'à partir de maintenant, ils devront affronter la justice (...) Personne n'est au-dessus des lois. Personne ne peut jouir de l'impunité», a déclaré M.Erdogan lors d'une réunion de son Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) sans toutefois mentionner explicitement l'enquête en cours. Hier, un tribunal turc a ordonné la détention de 11 nouveaux suspects dans l'affaire du complot présumé, portant le total des personnes impliquées dans cette affaire à 31, selon l'agence Anatolie. Neuf officiers d'active, dont deux amiraux, et deux militaires à la retraite, dont un général, se trouvent dans ce groupe qui ont été placés en détention préventive après interrogatoires par les procureurs. Un colonel a été laissé en liberté pour raisons médicales. Les suspects devaient être interrogés hier, ainsi que le dirigeant présumé de ce complot, Cetin Dogan, général à quatre étoiles, a rapporté l'agence Anatolie. Dogan a démenti tout complot. Le Premier ministre a par ailleurs, balayé les critiques de l'opposition selon lesquelles l'AKP devenait de plus en plus autoritaire et tentait de discréditer l'armée, considérée comme le garant de la laïcité en Turquie. «Ce qui est train de se passer aujourd'hui c'est la normalisation (...) Il s'agit des progrès que nous faisons en tant que démocratie avancée», a-t-il dit en assurant que «personne ne devrait éprouver des doutes ou des craintes». D'autres militaires également soupçonnés de complot - les plus hauts gradés de l'affaire - avaient été libérés jeudi soir, après une importante réunion des dirigeants civils et militaires turcs qui se sont engagés à régler la crise dans le cadre des lois et de la Constitution. Cette réunion semble avoir eu pour objet de calmer les tensions. Avant la réunion, les plus hauts gradés avaient parlé de «situation sérieuse». Des procureurs d'Istanbul instruisant plusieurs dossiers de conspiration avaient procédé lundi à un coup de filet inédit contre l'élite militaire, qui avait touché 49 officiers. Jeudi soir, l'agence Anatolie avait annoncé que deux anciens hauts responsables militaires figurant parmi les personnes arrêtées, les ex-chefs de la Marine et de l'aviation Ozden Ornek et Ibrahim Firtina, avaient été libérés sur ordre du Parquet après avoir été interrogés. Le projet du coup d'Etat présumé aurait été préparé en 2003 au sein du corps d'armée à Istanbul, peu après l'arrivée au pouvoir en 2002 de l'AKP, qui est issu d'un parti islamiste désormais interdit. La Première armée était à l'époque dirigée par Dogan, qui a joué un rôle prépondérant dans la campagne lancée par les militaires en 1997 ayant abouti à la démission du premier chef du gouvernement islamiste du pays, Necmettin Erbakan. Ce dernier est considéré comme le mentor d'Erdogan. On ignore pour le moment si le complot avait eu un commencement d'exécution ou s'il est demeuré à l'état de projet. Les premières informations à ce propos avaient été publiées en janvier par le journal turc Taraf, qui cible régulièrement les forces armées. Le complot incriminé visait, selon la justice, à semer le chaos en Turquie en provoquant des attentats spectaculaires.