Le 8e de finale entre l'Espagne et le Portugal, aujourd'hui au Cap marque les retrouvailles entre Vicente Del Bosque, sélectionneur de la Roja, et Carlos Queiroz, son homologue portugais, auquel il avait dû céder sa place il y a sept ans au Real Madrid. “C'est le football, rien de plus. C'est une curiosité, éloignée de ce qui est réellement important”, a minimisé Del Bosque. “J'ai beaucoup de respect pour lui, non seulement pour son travail en tant que sélectionneur, mais aussi pour ce qu'il a fait au Real Madrid”, a déclaré Queiroz. Mais Del Bosque, 59 ans, garde certainement sur le cœur la façon dont il a dû quitter le Real après quatre années de succès : deux Ligues des champions (2000 et 2002), deux championnats d'Espagne (2001 et 2003), une Supercoupe d'Espagne (2001), une Supercoupe d'Europe (2002) et une Coupe intercontinentale (2002). Avant son départ en 2003, Del Bosque n'avait quasiment jamais quitté le Real. Il y a fait toute sa carrière de joueur, à l'exception de trois saisons de prêt, avant d'intégrer le staff technique. Déjà auteur de plusieurs intérims sur le banc (1994, 1996), Del Bosque devient entraîneur en novembre 1999 en remplacement du Gallois John Toshack. Ses résultats sont impressionnants, mais à la fin de la saison 2002-03, Florentino Perez, président du Real des “Galactiques”, ne prolonge pas son contrat. “Nous ne voulons pas d'un entraîneur vedette”, s'était défendu Perez, soupçonné de chercher un technicien plus “glamour” que Del Bosque, avec ses moustaches et son survêtement. Le choix s'était alors porté sur Carlos Queiroz, élégant adjoint d'Alex Ferguson à Manchester United. Mais ce supposé passage de la tradition à la modernité a tourné au fiasco, Queiroz repartant à Manchester après un an seulement sur le banc de la “maison blanche”, une quatrième place en Liga et une Supercoupe d'Espagne comme seul trophée. Le départ de Del Bosque marque également le début de la fin pour la stratégie des “Galactiques” de Florentino Perez, contraint à la démission en février 2006, avant de revenir à la tête du Real en 2009. Del Bosque et Queiroz se retrouvent à la tête de leurs sélections nationales respectives, à la veille d'un affrontement indécis. Del Bosque a hérité en 2008 d'une sélection championne d'Europe sous les ordres de Luis Aragones. Il a conservé le “toque” (jeu de passes) mis en place par son prédécesseur, donnant simplement un peu plus d'importance au jeu sur les côtés. En 29 matches, l'Espagne de Del Bosque n'a perdu que deux fois. Queiroz a bâti un groupe rigoureux et homogène, à la défense solide – le Portugal est la dernière équipe à ne pas avoir encaissé de but dans le tournoi – et capable de sortir rapidement pour lancer Cristiano Ronaldo. “En 8e de finale, c'est du 50-50, une des deux équipes est un peu plus technique, l'autre un peu mieux organisée. Mais la tension et l'émotion sont les mêmes pour tout le monde. Ce sont deux grandes équipes, qui ont les mêmes chances”, résume Queiroz.