Limogé en 2003, après deux ligues des champions et deux championnats remportés en moins de quatre ans, Vicente del Bosque doit rire sous cape en voyant que depuis son départ, quatre entraîneurs se sont succédé sur le banc du Real Madrid sans gagner le moindre titre. Malgré des profils bien différents, ses successeurs, souvent sifflés par le public, n'ont jamais réussi à développer un jeu efficace et séduisant, malgré une pléiade de stars. “Son système, plus traditionnel, a fait ses preuves mais nous estimons qu'il faut désormais un entraîneur qui a un bagage plus technique et plus tactique”, avait argumenté le président Florentino Perez en annonçant le limogeage surprise de Vicente Del Bosque au lendemain des fêtes de la 29e Liga du Real. “Le temps dira si nous nous sommes trompés ou si nous avons eu raison”, avait ajouté le président. On peut dire désormais qu'il s'est trompé, car cette 29e Liga est le dernier titre remporté par le Real malgré une équipe bâtie à coups de millions d'euros avec des stars comme Raul, Zidane, Beckham, Ronaldo, Robinho ou encore Luis Figo et Owen aujourd'hui partis. Vicente del Bosque n'était certes ni un roi de la communication ni un Kasparov du ballon rond mais il était à la fois fin psychologue, bon diplomate et un tacticien bien plus redoutable qu'il n'y paraissait. Connus ou pas, ses successeurs ont tous échoué, butant sur le casse-tête qu'est la gestion des stars dans un jeu qui demande du travail de l'ombre pour que brillent les étoiles. Inconnu ou presque lors de son arrivée au club, le Portugais Carlos Queiroz, présenté comme un polyglotte globe-trotter fin tacticien, a explosé dès la mi-saison même s'il a réussi à s'accrocher à son poste jusqu'à la fin de la saison. Ne réussissant pas à mettre en place une défense fiable et surtout incapable d'imposer son système aux stars, Queiroz avait présenté une équipe où régnait l'anarchie. “Son unique vertu, c'est de bien porter le costard-cravate”, avait estimé le quotidien AS, accusant Florentino Perez d'avoir choisi l'homme pour sa tenue vestimentaire plus glamour que les survêtements de Del Bosque. Pour créer une rupture, Perez avait ensuite fait appel à l'homme providentiel José Antonio Camacho, ancien joueur de devoir et ancien sélectionneur national. Il devait remettre de l'ordre dans le vestiaire et faire respecter la hiérarchie. C'était une erreur de casting totale. Moins d'un trimestre après son arrivée, l'adjudant-chef aboyeur, qui demandait à Zidane de simplifier son jeu et à Ronaldo de couvrir les montées des défenseurs, a compris de lui-même qu'il fallait jeter l'éponge. Florentino Perez avait alors opté pour un del Bosque bis, Mariano Garcia Remon, un entraîneur des équipes de jeunes du Real, qui devait “rester longtemps”. Il est resté moins de trois mois. Peu respecté par les joueurs, Garcia Remon avait construit une équipe qui n'arrivait pas à jouer au ballon. Très bon tacticien, le Brésilien devait remettre l'équipe d'aplomb mais il a commis bon nombre d'erreurs qui ont fini par lui coûter sa place. Il a ainsi laissé les Brésiliens prendre un pouvoir estimé démesuré par les Espagnols du club, tenté des coups tactiques contre des équipes plus faibles, un comble pour une équipe de la puissance du Real, et mal géré sa communication avec la presse. Il aura tenu environ un an. Son successeur, Juan Ramon Lopez Caro, entraîneur du Real Madrid B (2e division) sait à quoi s'en tenir : il est là “provisoirement”, selon le communiqué du Real.