Evoquer la mémoire des valeureux combattants pour la liberté est un devoir, mais également un flambeau que doivent transmettre les acteurs et autres contemporains de la Révolution algérienne, à une jeune génération en quête de repères. La Révolution algérienne est, quarante-huit ans après l'Indépendance, d'une actualité brûlante dans un contexte de guerre des mémoires, d'autant que plusieurs chapitres restent encore ombragés, et parce que l'histoire de cette guerre, violente et sanglante, est encore à écrire. En attendant des études historiographiques, certains acteurs de la Révolution sortent de leur silence. Ils appréhendent l'histoire par la mémoire et la quasi-totalité des récentes publications verse dans le témoignage. Parmi ces publications, l'ouvrage Si Abdelkamel, chef de l'OCFLN. L'oublié de Béchar, publié à compte d'auteur par le moudjahid, ancien commis de l'Etat et compagnon de Si Abdelkamel, Ahmed Lagraâ. Révolté et attristé par l'oubli qui régnait dans la région de Béchar autour de cette figure importante de la Révolution algérienne et de ce combattant aux grandes valeurs morales, Ahmed Lagraâ a entamé des recherches dans le but de rendre hommage au responsable politique de Béchar et sa région de l'organisation civile de l'armée du FLN, disparu en 1980, “dans l'ignorance totale des hommes et des institutions”. En fait, ce livre est “un témoignage indispensable au devoir de mémoire et surtout de vérité”, note l'auteur dans son avant-propos. Sur la base de documents authentiques que l'auteur a pu récupérer au lendemain de l'Indépendance, l'ouvrage s'articule autour de plusieurs chapitres, allant du “processus de l'occupation coloniale” aux résistances de l'Emir Abdelkader et Bouaâmama, en passant par les massacres du 8 Mai 1945. Dans un style fluide et abordable, l'auteur, dont l'ouvrage Si Abdelkamel, chef de l'OCFLN. L'oublié de Béchar représente la première expérience littéraire, témoigne de la grandeur de l'âme de Si Abdelkamel et de son parcours exemplaire en tant que militant. Ahmed Lagraâ revient sur le parcours de l'homme : de l'enfance à la jeunesse, en passant par son choix de prendre les armes, son arrestation en 1958 et ses accomplissements. Malgré son illettrisme, Si Abdelkamel (Dine de son vrai nom, fils de Maâmar ould Benameur ould Ahmed) a été un fin stratège. Cet ouvrage est une véritable résurrection. Sur une bonne lancée, l'auteur a confié qu'il était en train d'écrire un autre ouvrage, tout en lançant un appel à tous les acteurs de la Révolution de rendre compte de leurs expériences.