L'euphorie vécue et entretenue autour de l'équipe nationale n'a pu et ne peut masquer notre échec cuisant en Afrique du Sud et les graves problèmes qu'affronte le mouvement sportif national. Des problèmes qui ne pourront être dissimulés par un discours insipide et infantilisant qui est l'expression d'un refus d'assumer les conséquences de cet échec et l'absence de maîtrise des réalités du sport national et d'une incapacité avérée d'y apporter une sérieuse réponse. L'engouement de la jeunesse pour l'emblème national et son soutien déterminé à l'équipe nationale de football n'ont à aucun moment signifié un chèque en blanc à ses responsables qui se sont trompés lourdement et n'ont par tardé à le constater. L'après-Coupe du monde et la déroute qui s'en est suivie imposent une nouvelle phase au cours de laquelle un rigoureux bilan apparaît comme une impérative urgence. À ce sujet qui pourra nous expliquer et justifier comment l'Algérie a été le seul pays à transformer sa participation au Mondial en une immense zerda d'où était absent le formidable élan de la jeunesse algérienne ! Si l'enthousiasme et la détermination des jeunes ont été recherchés et trouvés pour le voyage de Khartoum, il n'en sera pas de même pour l'Afrique du Sud. Sur quel budget ont-ils pris en charge les centaines, oui ! les centaines d'invités qui ont assisté à la Coupe du monde aux frais du contribuable ? Qui a autorisé pareille zerda en ces temps difficiles pour le sport national et le citoyen en général ? Faute d'une politique sportive, d'un travail rigoureux et planifié, en l'absence de résultats probants, la solution ne peut provenir de rencontres festivals ou d'affabulations. Qui peut croire que les chances de mise en place d'une véritable refondation peuvent surgir d'un faux-vrai débat sur l'entraîneur national ? D'un professionnalisme dévoyé, débridé et des inquiétudes qu'il nous inspire avant même sa mise en place ? Pourquoi cette peur d'engager un véritable débat sur l'avenir du sport national, notamment du football ? Comment prétendre à un changement qualitatif en l'absence de tout réel bilan et lorsque les véritables compétences nationales sont marginalisées et exclues du fait de leur refus de servir de faire-valoir à de simples opérations dont les caractéristiques principales sont la manipulation, la fuite en avant et la démagogie. Soumis à une application autoritaire et agressive du décret 05-405, le mouvement sportif national désarticulé et implosé offre une image de démobilisation, de lente agonie et de décomposition. Les actions médiatiques, les multiples annonces de circonstance ne peuvent masquer la triste réalité du sport national avec l'improvisation et la gabegie qui le caractérisent. Les luttes d'appareils, les clans, les interférences extrasportives, la cooptation, le parachutage par oukase de pseudos élus sans réel vécu sportif empêchent pour l'instant tout espoir d'une véritable refondation du sport national. Un tableau sombre ayant pour priorité la gestion d'intérêts égoïstes et personnels. J'appelle l'ensemble du mouvement sportif national à unir ses efforts, à reprendre confiance et à débattre ses problèmes pour s'opposer aux dérives actuelles et imposer un véritable renouveau du sport national. Seule une intervention au plus haut niveau de l'Etat peut empêcher la catastrophe annoncée. (*) CHérif Tifaoui, ex-président du CNS, ex-président par intérim du COA, ex-président de la FAKT