Mon Dieu ! qu'elles sont ennuyeuses et insipides nos émissions sportives consacrées au Mondial. Diffusées pratiquement sur un même créneau horaire, très tardivement le soir aux environs de minuit, à une heure donc où il n'y a plus grand monde devant la télé, ces « plateaux » spéciaux, qui à partir des studios, qui avec le concours des journalistes sur place, se révèlent d'une pauvreté professionnelle à vous donner des urticaires si jamais vous avez le courage et la persévérance de les suivre jusqu'au bout. Car il faut le dire, ça devient carrément presque de l'autoflagellation que de s'infliger ces émissions qui ne vous apprennent rien de nouveau sur l'actualité footballistique et qui, de surcroît, sont toujours en retard sur l'événement. On se demande à quoi servent les équipes envoyées sur place si elles sont incapables de nous faire vivre le Mondial autrement que par les images répétitives, montrant des supporters mexicains, brésiliens ou d'un autre pays, exubérant à l'entrée des stades ou quelques curiosités touristiques des villes sud-africaines qui font, certes, partie des à-côté de cette Coupe du monde, mais qui sont loin de constituer l'essentiel des informations et des nouvelles qu'attendent les téléspectateurs pour mieux saisir les nuances du tableau de la compétition dans ce qu'elle n'a pas d'apparent. L'Unique nous avait pourtant promis de faire un effort pour assurer une couverture aussi large que possible et surtout qui correspond au niveau de l'événement, un peu comme le font toutes les chaînes internationales qui mobilisent un personnel technique et journalistique à la hauteur de la mission médiatique pour laquelle elles se sont engagées. Il n'y a qu'à voir l'ambiance et la nature des débats très animés qui règnent sur les plateaux de ces chaînes et les contacts directs à chaud avec les différents stades, pour se rendre compte que la conviction fondamentale et le premier souci sont de faciliter au maximum la tâche au téléspectateur pour la compréhension de telle victoire ou de telle défaite, de la domination de telle sélection sur une autre, des oppositions de styles ou des plans de jeu, du comportement des joueurs, de leur évolution avec rappel de leur parcours, des certitudes et des faux pronostics, des erreurs d'arbitrage qui ne peuvent rester sous silence, bref un panel d'analyses et d'observations qui met à grande contribution d'éminents spécialistes du football et des professionnels de la communication, le tout dans une atmosphère de travail studieuse, mais en même temps très décontractée qui rend le produit télévisuel attractif et intéressant. A côté de ces grosses « écuries », notre télé fait grise mine en se complaisant dans un amateurisme incompréhensible au moment où le discours se voulait novateur et audacieux. Pour mémoire, au temps du parti unique où la parabole n'existait pas, la télévision de l'époque avec les Benyoucef Ouaâdia et consorts arrivait tant bien que mal à mieux capter l'attention malgré toutes les réticences techniques et matérielles qu'elle subissait. C'est dire qu'il y a un net recul de la vision du service sportif actuel par rapport à ses ambitions et sa démarche qui fonctionne étrangement comme une simple formalité de calendrier. En Afrique du Sud, on a d'ailleurs l'impression que les envoyés spéciaux se contentent de remplir une grille pour justifier l'objet de leur voyage. La recherche du scoop est inexistante et le travail se fait sans passion. A défaut donc de pouvoir rivaliser avec une capacité d'analyse et une maîtrise professionnelle du sujet plus conséquente, l'Unique se fourvoie dans des banalités et les généralités des commentaires qui finissent toujours par lasser le public. Même le parcours de notre équipe nationale n'a pas échappé à cette règle. Pourquoi l'EN n'a pas réussi à prendre le meilleur sur la Slovénie qui était à sa portée ? Comment les Américains se sont-ils joués des nôtres ? Y a-t-il un problème de coaching chez les Verts, autrement dit une responsabilité de l'entraîneur qui mérite débat ? La vie à l'intérieur de la sélection a-t-elle été au-dessus de tout soupçon ? Pourquoi Boudebouz n'a-t-il pas eu droit à la parole ? Y a-t-il eu censure sur l'affaire Saïfi... ? Ce ne sont assurément pas les thèmes brûlants auxquels s'intéressent les Algériens qui manquent, dont celui de l'option du départ qui consiste à monter l'équipe nationale à 99% à partir des joueurs évoluant en Europe, reste certainement le plus sensible. A l'heure des bilans et des enseignements, l'Unique reste silencieuse comme pour éviter de froisser certaines susceptibilités, alors que le sort de Saâdane, à la tête de l'EN, est en discussion. En passant et repassant le film-portrait sur ce dernier, on veut peut-être influer sur son maintien, mais on ne sait pas trop si cette propension de la télé demeure une simple réaction démagogique ou un choix judicieux salutaire pour l'avenir de cette équipe nationale qui a quand même terminé dernière de son groupe avec zéro but marqué. L'EN n'a pas réussi son pari de passer aux huitièmes de finale, mais cet échec est transformé en victoire chez nous puisque les joueurs et leur staff sont accueillis en héros. Il faudrait que nos communicateurs nous expliquent cette culture de la sublimation de la défaite dont doivent s'inspirer les générations montantes.