Le Président, lors du dernier Conseil des ministres, a qualifié cette mesure de véritable “urgence”. Le président de la République compte légaliser la chasse des faucons, des perdrix et des outardes perpétrée par ses amis, les émirs du Golfe, du Qatar et d'Arabie Saoudite. C'est à travers un projet de loi qu'il compte le faire. Ce texte législatif devant régir l'activité de la chasse a été, en effet, présenté lors du dernier Conseil des ministres du 24 août présidé par le chef de l'Etat lui-même. Dans ce texte de loi présenté par Saïd Barkat, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, il est question de régir la chasse au niveau national par des mesures draconiennes et de faciliter cette activité pour les étrangers, en instituant la chasse touristique. “Cette dernière sera réservée aux étrangers et à certains nationaux”, a-t-il été précisé par Saïd Barkat devant les membres du gouvernement. Mais ce dernier n'en dira pas plus. C'est le président de la République qui le relayera pour expliquer les raisons de l'institution de la chasse touristique dans la législation algérienne. Selon le premier magistrat du pays, “il y a urgence à instituer ce type de chasse”. Pourquoi ? “Parce que les émirs du Golfe, quand ils viennent chasser chez nous, commettent de véritables carnages”, aurait-il indiqué. Il a reconnu dans le même temps que les émirs du Golfe, du Qatar et des Emirats arabes unis, qui sont soumis à une réglementation très rigoureuse chez eux sur la chasse, chez nous, ils ne sont aucunement inquiétés. Mieux, ils viennent en terrain conquis. Pour illustrer le carnage que commettent ces étrangers sur notre faune saharienne, Bouteflika aurait dit, en substance, devant ses ministres : “Même si nous entretenons des relations particulières avec ces émirs et qu'ils sont nos amis, il demeure que ces gens-là sont plus cruels chez nous que chez eux.” D'ailleurs, aurait-il argumenté, “un à lui seul a tué 500 outardes”. Aussi, pour instituer cette chasse touristique dans notre pays, Bouteflika veut recourir à l'expérience des… Saoudiens en la matière. “Ils ont chez eux la chasse au faucon qui n'existe pas en Algérie. Ils vont donc pouvoir nous aider à élaborer une réglementation”, a-t-il indiqué. Les ministres qui ont eu à écouter l'exposé du chef de l'Etat se sont interrogés sur les raisons réelles du caractère “urgent” imprimé à ce projet de loi. Selon eux, l'institution de la chasse touristique répond avant tout à des arrière-pensées politiques : ils ont vu dans cette initiative un moyen de légaliser la chasse pour ses amis du Golfe. Sinon, comment expliquer la complaisance envers ces émirs qui ont commis un véritable carnage sur la faune saharienne des mois durant, au vu et au su des responsables à tous les niveaux, sans qu'aucun d'eux ne daigne réagir ? Les citoyens des wilayas qui ont eu à dénoncer cette chasse n'ont même pas pu susciter une réaction chez les pouvoirs publics. Mais voilà que Bouteflika, après ce laxisme qui aura trop duré, intervient pour inscrire ce projet dans l'urgence. Surtout que des sources crédibles affirment que les walis mettent à la disposition de ces émirs les moyens de l'Etat. Par ailleurs et parallèlement à la légalisation de la chasse pour ses amis, Bouteflika institue une sévère réglementation pour la chasse au niveau national. Dans cette stratégie expliquée par Saïd Barkat, il s'agit pour les potentiels chasseurs de se doter d'un permis de chasse, de passer un examen pour l'exercer et de faire obligatoirement partie d'une association de chasseurs. L'exercice de cette activité doit être circonscrit à la wilaya dans laquelle est domiciliée l'association des chasseurs. Ces derniers ne pourront pas exercer cette activité dans une autre région, est-il prévu dans ce nouveau texte de loi. La chasse, qui représente un patrimoine national dans nos campagnes, risque d'être de moins en moins accessible, compte tenu de ces mesures dissuasives. Surtout que cette activité a été quasiment à l'arrêt pendant les 12 ans du terrorisme. Nadia Mellal Extraits du communiqué du Conseil des ministres du 24 août 2003 “Le président de la République, M. Abdelaziz bouteflika, a présidé, ce jour, dimanche 24 août 2003, la réunion du conseil des ministres dont l'ordre du jour a été consacré à l'examen des points suivants : I)- Avant-projet de loi et projets d'ordonnances 1.1.- Le conseil des ministres a examiné et adopté l'avant-projet de loi relative à la chasse. L'avant-projet de loi se propose de fixer les règles relatives à l'exercice du droit de la chasse, de déterminer les conditions d'intervention des chasseurs, de fixer les mesures de protection des espèces et de délimiter les espaces ouverts à la chasse. Les objectifs poursuivis visent, également, à remédier aux insuffisances constatées en matière d'encadrement et d'administration des activités de chasse et de dégradation du patrimoine cynégétique. dans cette perspective, il est prévu la mise en place d'une nouvelle stratégie pour la préservation et le développement du patrimoine et pour la promotion des activités du secteur, à travers la mise en place d'un partenariat mettant en synergie les actions des pouvoirs publics et celles des chasseurs agissant dans le cadre d'associations locales, régionales et nationale. De même, il est prévu de renforcer l'environnement institutionnel d'appui aux activités cynégétiques par l'encouragement à la création d'agences de tourisme spécialisées, la création d'un fonds spécial de développement et la redynamisation du rôle et du fonctionnement du conseil supérieur de la chasse. Le dispositif prévoit, par ailleurs, le renforcement de la police de chasse à travers l'habilitation des personnels relevant de l'autorité chargée de la chasse à constater les infractions à la législation et à la réglementation de la chasse et l'aggravation des sanctions y afférentes. Intervenant à ce sujet, le président de la République a mis l'accent sur la nécessité d'un encadrement rigoureux des activités de chasse, de manière à assurer la préservation des espèces et du patrimoine cynégétique national qui doit demeurer une préoccupation constante de tous les intervenants dans le secteur. À cet effet, le chef de l'Etat a, particulièrement, insisté sur une meilleure gestion du patrimoine cynégétique, sa parfaite surveillance et son développement harmonieux. Une telle gestion, a ajouté le chef de l'Etat, postule l'émergence d'une réelle politique de développement cynégétique durable, d'une politique concrète de gestion des terrains de chasse et d'une organisation efficiente de la chasse et des chasseurs à la mesure des espoirs permis par les potentialités nationales en ce domaine. Le chef de l'Etat a, enfin, mis l'accent sur la nécessité d'intégrer cette activité dans le développement économique et social du pays au regard de l'intérêt qu'elle peut susciter à plus d'un titre.” APS Ce que prévoyait la loi Décret n°83-509 du 20 août 1983 relatif aux espèces animales non domestiques protégées : Le président de la République décrète : Article 1er : Conformément aux dispositions de l'article 11 de la loi n°83-03 du 5 février 1983 sus-visé, le présent décret a pour objet la protection des espèces animales non domestiques dont la préservation à l'état naturel et la multiplication sont d'intérêt nationale. Art. 2 : Les espèces animales non domestiques sont celles qui : - jouent un rôle dans l'équilibre naturel, - sont menacées d'extinction, - revêtent un intérêt scientifique et culturel particulier. Art. 3 : Les espèces animales non domestiques sont : A - oiseaux : 17- Grande outarde : Ottis tarda 22- Outarde houbara : Chlamydotis undulata B - Mammifères : 9- Gazelle d'Atlas : Gazella cuveiri 10- Gazelle dama : Gazella dama 11- Gazelle dorcas : Gazella dorcas 12- Gazelle du Sahara : Gazella leptoceros 23- Mouflon à manchettes : Ammotragus lervia Loi n°82-10 du 21 août 1982 relative à la chasse : Art. 18 : La liste des gibiers à chasser est établie, avant chaque campagne, par le ministère chargé de la chasse. Art. 20 : Durant la période de la chasse, le titulaire du permis ne peut chasser que de jour, selon les prescriptions prévues par les dispositions de la présente loi. Art. 21 : Seul l'emploi d'une arme de chasse est autorisé pour abattre le gibier. En tout état de cause est interdit : 3°) L'utilisation de l'avion, de l'hélicoptère et de l'automobile même comme moyens de rabat. Art. 24 : La chasse est interdite 1°) La nuit : la nuit est réputée commencer une heure après le coucher du soleil et finir une heure avant son lever.