Ch. A., candidate au concours d'accès à la magistrature, n'en revient toujours pas. Après avoir réussi les épreuves écrites, elle est convoquée à l'oral. L'examinatrice, une magistrate de haut rang, l'accueille avec un sourire bienveillant et déjà confraternel. Après quelques questions sur la procédure pénale, la femme de loi termine par un test de “culture générale”. “Lisez-vous régulièrement le Coran ? Récitez-moi une sourate qui traite de la justice !” Ch. A. répond que ses lectures étaient plus tournées vers le droit que vers la religion, et qu'aucune sourate ne lui vient à l'esprit. L'examinatrice, qui a du mal à cacher son indignation, arrête brusquement l'entretien. Recalée au seuil de la magistrature, Ch. A. postule à un stage d'avocate au barreau de Tizi Ouzou. Avec ces dérives récurrentes dans l'appareil judiciaire se pose une question : les juges sont-ils recrutés sur la base de leurs compétences juridiques ou selon leur piété et leurs connaissances religieuses ?