Résumé : Kahina est parfois figée par la peur. Les tirs dehors lui font craindre le pire pour son fils. Comment savoir où il est ? Tahar est toujours coincé sur la route. Alors qu'ils sont au téléphone, il entend des coups à la porte. Kahina tarde à ouvrir… 19eme partie - Ouvrez ! Ouvrez ! C'est moi Aziz ! Ton petit frère. Kahina tourne la clef et ouvre en reconnaissant la voix de son frère. C'est bien lui. Il entre et l'embrasse sur les deux joues avant de la serrer très fort dans ses bras. Kahina pleure d'émotion. Il y a quatre ans qu'il n'était pas venu au pays et sa visite coïncidait avec cette première manifestation. - Mais pourquoi tu pleures ? Le gaz lacrymogène n'est pas parvenu jusqu'ici, remarque Aziz. Et aucun gendarme ne t'a brutalisée, j'espère ? - Non. Quand elle aperçoit le téléphone décroché, elle se rappelle que Tahar devait encore être à l'autre bout de la ligne. Elle se presse de lui apprendre la nouvelle. Tahar est soulagé de le savoir à la maison. Ainsi il pourra prendre soin de sa famille. Il lui en sera éternellement reconnaissant. - Ne t'en fais pas, je vais sortir chercher Sami ! Il ne voudra plus sortir en sachant que je suis là. Tu sais combien il m'adore. Tout comme lui, Tahar et Kahina le savent et ils sont persuadés qu'il saura le ramener à la maison. Mais ils se trompent tous. Sami ne veut rien entendre. Il se moque éperdument de la présence de son oncle. Enfin, il est heureux de le voir après toutes ces années mais il tombe mal, car il a à faire avec ses copains. - Si tu veux te joindre à nous, tu es le bienvenu ! lui dit Sami. Tu pourras toujours faire quelque chose qui sera utile au mouvement de protestation. Tu peux nous acheter du tissu blanc pour confectionner des banderoles. On va avoir besoin de peinture, de pistolets à peinture, de bougies et de pas mal de choses encore. - Ce genre de manifestationS n'est plus de mon âge, répond l'oncle Aziz, déçu par le refus de son neveu. Mais, ajoute-t-il dans un soupir, je peux vous donner de l'argent. Vous n'aurez pas à vous servir de vos économies. Sami ne refuse pas l'aide financière. Il remercie chaleureusement son oncle et fait un bout de chemin avec lui. - Tout à l'heure, il y a eu des éclats. Tu n'étais pas avec la bande de casseurs, j'espère ? lui demande-t-il. - Tu te rends compte que si on ne fait rien, ils ne nous écouteront jamais ! Rassure-toi, je suis contre la casse mais il faudra trouver un moyen de se faire entendre ! Tout à l'heure, le président de l'APC ne nous a pas écouté jusqu'au bout ! Il n'est resté que cinq minutes. Il craignait d'entendre dans nos revendications un mot d'ordre qui ne serait pas de son goût. - Promets-moi de faire attention à toi ! lui demande son oncle. - Promis. - Est-ce que tu rentreras à la maison ? Tu me manques, tu sais ! - Je sais. Je viendrais pour quelques minutes. Dis à maman de me préparer des sandwichs et du café. Merci tonton ! Embrasse maman. Aziz n'avait pas le cœur à le faire. Il en voulait à sa sœur aînée. Il avait conscience que la colère de ces jeunes ne disparaîtrait pas sans cris, sans casse, sans coups. Les forces de l'ordre ne resteront pas passives. Elles allaient réprimer le mouvement de protestation. Si Sami tombait entre leurs mains, il en verraitw de toutes les couleurs. Tout ça, c'était la faute de Kahina. à suivre A. K.