Résumé de la 1re partie n Marthe est fleuriste. Un soir, alors qu?elle ferme sa boutique, un homme insiste pour qu?elle livre une corbeille d?orchidées dans un quartier chic et moderne, au 28e étage d?une tour. Or, la porte n'est pas fermée en réalité, seulement coincée, car elle ne sert jamais, mais Marthe ne s'en rend pas compte. Il y a bien vingt minutes qu'elle cherche et le gardien n'est toujours pas là, personne n'est entré ou sorti. Elle se décide : «Si je prenais mon courage à deux mains ? Je prends l'ascenseur, tant pis, j'appuie sur le 28e, je ferme les yeux, je serre les dents et j'y vais... Après tout, je sais très bien qu'il ne peut rien m'arriver, c'est ma peur, uniquement ma peur, je ne vais pas rester là toute la nuit, avec 500 francs d'orchidées à attendre que quelqu'un arrive...» Après ce petit sermon intérieur, elle se décide. Doucement, Marthe ouvre la porte de l'ascenseur D et un frisson immédiat lui glace la nuque et lui creuse l'estomac. Elle déteste ça ! On dirait un cercueil de luxe, avec moquette, lumière tamisée et tous ces boutons. Il doit grimper à une allure folle, ou alors très doucement, avec une lenteur épouvantable. Bien sûr, elle est ridicule, elle le sait, d'ailleurs cette machine est moderne et n'a aucune raison de tomber en panne, et puis il paraît qu'il y a des freins, que ça n?arrive plus, ces accidents horribles où les cabines se décrochent pour venir s?écraser plus bas, avec les corps disloqués de leurs passagers. Marthe pénètre dans la cabine, en tenant la porte d?une main. Le 28e étage, c?est là tout en haut, le dernier bouton, le dernier étage. Il n?y a toujours personne et toujours pas de gardien. Marthe prend sa respiration, lâche la porte qui se referme avec un soupir et approche avec précaution vers le bouton du 28e étage. Jamais elle ne prend l?ascenseur? elle déteste ces engins. Elle ferme les yeux, appuie, n?a même pas le temps de crier. Un sifflement, une chute rapide, et c?est le noir total. Que s?est-il passé ? Pourquoi l?ascenseur est-il descendu ? La porte est coincée, plus de lumière ! Où est-elle ? Dans le sous-sol ? Elle ne voit rien ! Rien ! Où sont les boutons ? Elle appuie comme une folle mais rien ne bouge, elle n?entend pas de sonnerie d?alarme. Elle se met à crier maintenant et tape comme une démente sur les murs de la cabine. L?horrible, l?affreuse sensation de vertige lui fait tourner la tête, sa gorge se serre, elle étouffe, elle ne peut plus crier. Ce noir est affreux, elle est enfermée dans cette boîte, prise au piège infernal. Tout vacille, la tête lui tourne, sa nuque raidie semble paralysée tout à coup et Mlle Marthe se sent mourir. Elle perd connaissance? Plus rien, le silence. Il est 21 heures. En bas, dans le sous-sol, le gardien de l?immeuble, qui se bat depuis une demi-heure avec le tableau électrique qui commande les ascenseurs, se résigne enfin à abandonner. Le A, le B, et le C fonctionnent, le dernier refuse, tant pis. Il est trop tard pour téléphoner à la compagnie. Il va mettre une pancarte au rez-de-chaussée et bloquer la porte. Mais en arrivant, allons bon ! En manipulant les circuits, il a dû le faire descendre et il est resté coincé entre le 1er et le 2e sous-sols. On n'y voit rien. Pourvu que personne ne l'ait pris ! Le gardien cogne à la vitre du 1er sous-sol, d'où l'on aperçoit le haut de l'ascenseur, mais n'obtient pas de réponse. Si quelqu'un était coincé, il répondrait. Il est 21h 10. Le gardien accroche une pancarte sur la porte de l'ascenseur D, au rez-de-chaussée, et va se coucher. 21h 30. Au 12e étage, un locataire appuie sur le bouton d'appel de l'ascenseur D, constate qu'il ne marche pas, et prend l'autre pour descendre. (à suivre...)