Après quatre heures de délibéré, le verdict est tombé, tard dans la soirée de dimanche dans le procès en appel des émeutiers de Sidi-Salem (Annaba), qui a tenu en haleine des mois durant la population locale. Le tribunal s'est finalement prononcé pour des peines de 6 mois à 4 ans d'emprisonnement ferme à l'encontre de 17 d'entre les 18 accusés principaux et pour un acquittement en faveur de 16 autres accusés dans ce même dossier, mais qui étaient appelés à répondre de faits minimes, ceux-là. Des peines que l'on peut qualifier d'indulgentes par rapport à celles demandées par le premier tribunal en début du mois de juillet et qui prouvent que les juges ont préféré aller dans le sens de l'apaisement social plutôt que vers celui de la répression aveugle, surtout dans le contexte ramadhanesque. Depuis le 1er août, 18 jeunes soupçonnés d'avoir incité à la violence et à la désobéissance civile lors des émeutes des 19, 20 et 21 juin derniers, à Sidi-Salem, dans la daïra d'El-Bouni, étaient jugés en appel par la cour de justice d'Annaba. Un procès qui, durant deux semaines, aura connu un report de la part du tribunal pour complément d'instruction et qui se sera déroulé dans une ambiance particulièrement tendue suite à la mobilisation des familles des quelque 43 personnes directement ou indirectement impliquées dans ce mouvement de protestation qui a littéralement paralysé ce quartier pendant trois jours. Avant-hier en fin d'après-midi, le représentant du ministère public avait requis des peines de prison de 2 à 8 ans de prison ferme assorties d'une amende de 1 million de dinars à l'encontre des dix- huit accusés, invitant le tribunal à reconduire les peines infligées à ceux-ci par le tribunal d'El-Hadjar, en première instance. La trentaine d'avocats de la défense, arguant du manque de preuves matérielles à charge et plaidant surtout l'indulgence de la cour, avaient réclamé de leur côté l'acquittement pur et simple de leurs clients. Les familles avaient, pour la plupart, appelé la police et la justice à agir avec “compassion”. “Nous espérons que la cour d'appel d'Annaba, qui a toujours agi avec compassion et sagesse, fera preuve d'équité cette fois encore en jugeant cette affaire”, avait indiqué un des parents d'émeutiers présent dans la salle. Ce quinquagénaire a averti que la répression pourrait accentuer le cycle de la violence. “Le recours au vandalisme a profondément choqué les habitants du quartier de Sidi-Salem et nous souhaitons que les nôtres, qui restent profondément attachés aux valeurs de la République algérienne malgré leur dénuement, gardent entière la confiance qu'ils placent dans les autorités publiques”. Indiquons que les membres d'une commission d'enquête, dépêchée depuis Alger afin de s'enquérir de la situation, avaient assuré les émeutiers condamnés de l'ouverture d'une enquête approfondie sur les circonstances de ces manifestations et notamment sur les atteintes à l'ordre public et aux symboles de l'Etat, dont l'emblème national, qui aurait été piétiné par certains des émeutiers pendant les manifestations de juin dernier. Promesse qui a apparemment été suivie d'effet, puisque le dossier a été rouvert en appel le 1er août courant devant la cour d'Annaba et que cette instance, estimant que le dossier n'était pas assez fourni, a même exigé un complément d'instruction.