Reporté une première fois le 1er août dernier, à la demande du président du tribunal, qui avait exigé une instruction complémentaire du dossier, le procès en appel des 18 émeutiers de Sidi-Salem s'est ouvert, hier, à la cour d'Annaba. Comme annoncé précédemment, le juge a d'emblée fait part de son intention de faire toute la lumière sur les circonstances exactes de ces manifestations et de rendre la justice le plus équitablement possible et sans céder à aucune pression dans ce dossier aux relents de manipulation politique. Programmée en ouverture de rôle en raison du Ramadhan, l'audience a eu lieu sous haute surveillance policière, les parents et alliés des mis en cause étant venus en nombre assister à ce procès. Ces derniers n'ont pas pu, pour la plupart d'entre eux, du moins, accéder à l'intérieur du palais de justice et il leur aura fallu attendre patiemment, jusque tard dans l'après-midi et finalement dans la soirée, les résultats des débats et tout spécialement le verdict, qu'ils espéraient plus clément que celui prononcé en première audience, le 7 juillet dernier, par le tribunal d'El-Hadjar. Accusés d'atteinte à l'emblème national et pour avoir brandi le drapeau français ainsi que pour attroupement illicite et destruction des biens publics, les 18 émeutiers avaient été condamnés à des peines allant de 2 à 8 ans de prison ferme assortie d'une amende de 1 million de dinars chacun. Considérés comme ayant été les meneurs du mouvement qui a embrasé la cité côtière de Sidi-Salem (daïra d'El-Bouni) 6 d'entre les émeutiers ont écopé d'une peine de 8 ans de prison ferme, alors que 5 autres ont été condamnés à 6 ans de prison ferme, également. Le reste des jeunes arrêtés au lendemain des manifestations a bénéficié de circonstances atténuantes et il a été finalement retenu 5 années de prison ferme à l'encontre de 4 d'entre ceux-ci, et 2 ans de prison ferme à l'encontre des trois autres. Le procureur de la République avait requis, rappelons-le aussi, des peines allant de 5 à 10 ans de prison ferme contre les manifestants arrêtés lors de ces émeutes qui ont paralysé, trois jours durant, la localité de Sidi-Salem, l'isolant malgré le grand renfort de forces de sécurité. Ces évènements remontent au 19 juin dernier, lors d'une manifestation de revendication de logements sociaux provoquée par les habitants du bidonville La Sas implanté en périphérie de Sidi-Salem. Les jeunes, qui ont pris part au mouvement, se sont alors transformés en émeutiers et ont détruit totalement l'antenne de l'APC et certains édifices publics. Ils ont tenté également de s'attaquer au siège de la sûreté urbaine locale allant jusqu'à s'affronter, au corps à corps, avec les policiers. Devant l'aggravation de la situation et après que les émeutiers eurent entrepris de faire usage d'armes blanches et de cocktails Molotov contre les policiers qui sont intervenus pour ramener l'ordre, le wali d'Annaba a décidé de réunir les délégués des habitants et certains notables de la cité pour leur demander d'appeler au calme les plus intraitables et faire le point avec eux.