Aussitôt le verdict prononcé tard dans la soirée de mardi contre les 47 présumés auteurs de troubles à Béchar Djedid que les émeutes ont repris dans cette banlieue à 4 km au sud de Béchar. Auparavant, le procès de flagrant délit des émeutiers a duré toute la journée de mardi dans une ambiance extrêmement tendue où les accusés ont défilé un par un devant la présidente du tribunal. La salle d'audience n'a pu contenir la foule nombreuse qui a assisté au procès. Ils étaient des centaines, des parents, des amis venus de la banlieue, à attendre dehors aux abords du palais de justice, sous un soleil de plomb, le prononcé du verdict. Le procureur de la République, dans un sévère réquisitoire s'appuyant sur « la légèreté de la conduite des présumés auteurs de troubles, leur irresponsabilité ainsi que leur furie destructive des biens de la collectivité », a demandé de lourdes peines au tribunal. Tard dans la soirée, après plusieurs heures de délibération, le verdict est tombé : 6 jeunes ont écopé de 2 ans d'emprisonnement ferme, 9 ont été condamnés à 3 mois de prison ferme, 22 sont sortis avec sursis, 10 ont été relaxés, des 9 mineurs, 5 ont été placés sous mandat de dépôt en attendant leur jugement et 4 affectés au centre de sauvegarde pour mineurs. Le verdict n'a pas été du goût des émeutiers qui ont aussitôt repris les manifestations à Béchar Djedid dans la soirée de mardi et exigé, comme préalable à la cessation de leur mouvement, la relaxe sans condition des condamnés. Les violences ont recommencé avec le même degré d'intensité que celui observé dans la soirée de mercredi dernier. L'intervention des forces de l'ordre n'a pu sauver des flammes qui ont embrasé la deuxième agence postale située en plein cœur de Béchar Djedid. Le CEM Mebarek El Mili, le centre multimédia, le local de l'équipe de football USBD ont été mis à sac. A l'issue de la bataille rangée entre manifestants et forces de sécurité, on dénombre 5 blessés parmi les agents de police, 7 arrestations parmi les émeutiers dont un blessé. On fait savoir du côté de l'opinion locale que ces dérives graves dénotent manifestement une rupture consommée des canaux de dialogue entre les élus, les responsables locaux et la population. La commune de Béchar donne, durant cette semaine, le triste aspect d'une ville assiégée. Les coupures d'électricité à l'origine de ces émeutes auraient pu être réglées sans recours à la violence démesurée si la sagesse et le véritable dialogue entre responsables locaux et représentants (associations, comités de quartier) avaient prévalu, notent les observateurs.