Souvent, pour ne pas dire toujours, de couleur noire, le sachet constitue le décor quotidien des citoyens. Il est omniprésent depuis la disparition du bon vieux couffin. À un prix dérisoire, sinon remis gratuitement, le sachet en plastique, en plus d'être hideux, est dangereux. Et il faudrait 100 à 400 ans pour que celui-ci se dégrade. Pour mesurer la gravité de la situation, plusieurs associations pour la protection de l'environnement ont, et à plusieurs occasions, lancé des appels pour que les institutions chargées de la protection de l'environnement, prennent les mesures nécessaires, mais jusque-là, rien de significatif n'a été réalisé ou mis en service. C'est à la direction de l'environnement de la wilaya de Batna, fraîchement inaugurée, que nous avons cherché interlocuteurs et réponses à plusieurs interrogations. M. Darnouni, ingénieur principal en environnement, mesure la gravité de la situation, mais reste confiant et optimiste, car, selon lui, il y a bel et bien prise de conscience et changement dans certaines pratiques du citoyen. Il nous dit à ce sujet que “l'environnement c'est la maîtrise du phénomène global et l'action au niveau local, dans le sens où nous ne sommes pas les seuls à souffrir du phénomène de pollution (particulièrement de l'envahissement du sac en plastique) mais, il faut reconnaître que nous accusons un grand retard par rapport à d'autres pays. En collaboration avec le ministre de l'Education, des programmes stipulaient l'intégration de l'éducation environnementale dans les programmes scolaires dans tous les cycles. Sauf qu'on s'est aperçu qu'il ne s'agit pas de dicter à l'enfant, mais plutôt le responsabiliser, mieux encore, l'impliquer comme cela se fait partout dans le monde. Une vulgarisation et une sensibilisation en aval et amont”. Effectivement, une nouvelle instruction du ministre de l'Education ajoute l'activité “environnementale” par l'intermédiaire des clubs verts chapeautés par le Centre national de formation en environnement et qui ont la charge d'organiser des sorties en écotourisme et volontariat, où les plus jeunes seront encadrés par des formateurs et spécialistes de l'environnement. Batna est dotée d'un centre d'enfouissement technique (CET) en exercice depuis plus d'un an. Ce centre prend en charge les déchets ménagers et assimile (le sachet en plastique fait partie des ordures ménagères) et la technique de l'enfouissement est favorisée, pour ne pas retomber dans une autre forme de pollution, à l'exemple de l'incinération. En dépit de ces efforts, notre interlocuteur reconnaît que le retard accusé nécessite plus d'efforts et de moyens, mais surtout de pédagogie. Il ajoute à ce sujet que “les mauvaises habitudes et les pratiques sont nos pires ennemis, beaucoup plus que le sachet en plastique lui-même. Les habitants d'une daïra, que je ne nommerai pas, ont refusé l'installation d'une déchargée contrôlée pour laisser place aux décharges sauvages. Cependant, il ne faut pas généraliser, nous avons des chiffres qui contredisent les clichés et les idées préfabriquées. Prenez comme exemple la cité Bouzourane (AADL) où nous avons vu des citoyens sortir de leur voiture tôt le matin pour déposer le sac à ordures dans les bacs réservés et leurs enfants faire la même chose. Il y a donc espoir, il y a amélioration. Nous pouvons et nous devons aller vers le tri sélectif. Nous allons installer bientôt des caissons de collecte des matières récupérables”. M. Darnouni exhibe une note de service, signée par les plus hautes instances où une instruction est donnée pour redynamiser une opération de dé-plastiquage lancée à l'échelle nationale et qui se heurte à certaines pratiques, entre autres l'indifférence.