Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, a dénoncé jeudi à La Rochelle (Ouest) un “été de honte pour la France”, qualifiant le tour de vis sécuritaire du pouvoir de “vaste opération de manipulation” à laquelle les Français ne se sont “pas laissés prendre”. À la veille de l'ouverture de l'université d'été du PS à La Rochelle, Mme Aubry a parlé de “cet été honteux, un été de honte pour la France”. Interrogée sur le discours sur la sécurité tenu par le président Nicolas Sarkozy à Grenoble (Sud-Est), le 30 juillet, qui envisageait notamment de déchoir de la nationalité française des criminels d'origine étrangère, elle a répondu : “Il n'y pas que le discours de Grenoble, il y a tout ce qui s'est passé et ce qui se passe sur les Roms.” “Les Français ne s'y sont pas laissés prendre”, a-t-elle ajouté. Ils “ont compris que cette vaste opération de manipulation qui bafoue les valeurs de la République, qui abîme notre République, qui salit notre pays à l'étranger, avait sans doute pour objet de masquer les affaires et d'abord son échec sur la sécurité”, a lancé Mme Aubry. “Quand on utilise de manière aussi honteuse cette violence dans les mots, ces procédés oratoires parce qu'on n'est pas capable de régler le problème, c'est indigne de la République”, a poursuivi la première secrétaire. Les expulsions de Roms —environ un millier depuis le discours du 30 juillet — et le lien établi par le pouvoir entre immigration et insécurité ont suscité une vague d'indignation en France, mais aussi à l'étranger, de l'ONU jusqu'au Vatican. Selon un sondage TNS-Sofres publié mercredi, Nicolas Sarkozy serait battu au second tour de l'élection présidentielle, si elle avait lieu aujourd'hui, par Martine Aubry (53% contre 47%), et serait franchement laminé par le socialiste et actuel président du FMI Dominique Strauss-Kahn (59%-41%).