Le pic de la consommation électrique enregistré le 24 août 2010 à 20h30 et a atteint près de 7 800 MW en pointe. Le difficile accès au foncier pose une sérieuse problématique pour le groupe Sonelgaz. De nombreux projets programmés pour l'amélioration de la distribution de l'électricité demeurent bloqués à cause d'un manque flagrant d'assiettes foncières. Pire encore, sur certains cas, les terrains ont été identifiés voire attribués par les pouvoirs publics à l'entreprise mais les installations et autres infrastructures ne sont toujours pas réalisées. Parfois, Sonelgaz détient une autorisation pour une prise de possession immédiate de l'assiette mais qui n'est jamais exécutée. C'est dire les difficultés énormes et les lourdeurs administratives auxquelles fait face la Société nationale de l'électricité et du gaz pour parachever son programme d'investissement. Pour le P-DG du groupe, M. Nordine Bouterfa, le problème surgit essentiellement au sein des collectivités locales et quelques institutions à raison de 70%. Les 30% restants sont provoqués sur le plan interne par Sonelgaz elle-même. Ce qui a poussé son entreprise à recourir à d'autres solutions en demandant des décrets d'utilité publique avec prise de possession immédiate des terrains pour concrétiser son plan d'investissement. Les responsables estiment que cette démarche leur permettra de terminer enfin des projets en situation de blocage depuis 5 ans. Rien qu'à Alger, il est prévu la réalisation d'une vingtaine de postes mais la SDA (Société de distribution d'Alger) n'a pu acquérir les assiettes foncières identifiées. “Il faut des procédures spécifiques pour la réalisation des ouvrages énergétiques”, suggère M. Bouterfa. Toutes ces contraintes quotidiennes viennent en fait envenimer davantage une situation déjà compliquée par une forte croissance de la consommation de l'électricité à travers le territoire national. Cette hausse s'explique par la surconsommation enregistrée dans les villes du Sud. “Sur 6 millions d'abonnés, seuls 3 000 ont été victimes de coupures” Le soutien des prix accordé par l'Etat aux citoyens de cette région du pays a encouragé, ces derniers, à consommer plus. À titre d'illustration, si la consommation moyenne d'un abonné habitant Alger est de 2 81 KWh (kilo Watt/heure), un client pour basse tension du Sud a consommé en 2009 une moyenne de 3 800 KWh, soit une hausse de 5,2% par rapport à 2008. Cette particularité est due à l'utilisation massive de la climatisation dans le Sud. Dans la ville d'El-Oued, pour ne citer que cet exemple, la consommation a connu une hausse de 30%. Pis, des pics inattendus ont été signalés durant l'année en cours. Ce que les agents de Sonelgaz désignent par la puissance maximale appelée (PMA), a été enregistrée le 24 août 2010 à 20h30 et a atteint près de 7 800 MW en pointe soir, soit une évolution importante de 6% en comparaison à la PMA 2009 où la pointe était de 7 280 MW le 27 juillet 2009 à 21h45. Il est à noter que la PMA durant l'été a dépassé celle de l'hiver de plus de 7,7%. La densité de la population au Nord qui englobe 52% de la clientèle basse tension, explique également cette augmentation de la consommation. Par conséquent, des incidents fréquents surviennent sur le réseau électrique engendrant ainsi des coupures instantanées. Une simple panne peut mettre dans le noir des milliers d'abonnés. Le P-DG, qui a animé une conférence de presse jeudi, estime que sur un total de 6 millions d'abonnés, seuls 3 000 ont été victimes de coupures de plus d'une heure pendant l'année en cours. “Le système technique est ainsi fait. Le risque zéro n'existe pas”, souligne le P-DG. Les pertes électriques dont est victime Sonelgaz sont évaluées à 8 milliards de DA/an. Plus de 10% de ces pertes sont causés par le branchement illicite, la fraude sur compteur, le débranchement de ces derniers lors de la relève et les chalets mis en place dans plusieurs régions du pays. Appréhension sur l'avenir de Sonelgaz Par ailleurs, la situation financière de l'entreprise s'est un peu améliorée depuis que l'Etat a décidé de geler son découvert bancaire en attenant son traitement définitif. Les pouvoirs publics décideront peut-être soit d'augmenter son capital soit de lui rééchelonner sa dette sur une dizaine d'années. Un rendez-vous avec le ministère des Finances est prévu pour le mois de septembre prochain. Si la BNA a accordé à Sonelgaz un crédit de l'ordre de 240 milliards de DA, cette enveloppe ne servira, indique M. Bouterfa, que pour les dépenses des projets d'investissements de l'exercice de 2010. Il se pose ainsi la question : “Comment pourra-t-on débrouiller les financements nécessaires pour ceux projetés en 2011, 2012 et 2013 ?” Les investissements représentent, indique-t-il, environ une fois et demi le chiffre d'affaires de l'entreprise. À cela, il y a lieu d'ajouter les 17% de TVA que Sonelgaz paye sur ses recettes. Si l'on enlève les 7% imposés à la clientèle, il restera en fait 10% de taxe, soit l'équivalent de 7 milliards de DA à laquelle est assujetti annuellement le groupe. “Nous demandons à ce propos, un statut propre à Sonelgaz”, affirme M. Bouterfa. Une chose est sûre, le P-DG avoue que les recettes couvrent actuellement les dépenses. En termes plus clairs, la société ne souffre pas de déficit concernant les charges d'exploitation. L'entreprise détient, en outre, 44 milliards de DA de créances dont 20 milliards auprès des collectivités locales. “Mais le jour où nous commencerons à rembourser nos dettes, nous connaîtrons de sérieux problèmes”, déplore-t-il. Il ne cache pas son appréhension quant à une éventuelle baisse sensible à l'avenir des prix du pétrole. Au cas où les cours subiraient un jour une chute, l'Etat ne pourra pas financer Sonelgaz. À ce moment-là, l'augmentation des tarifs de l'électricité deviendra inéluctable. Car, la société ne sera pas en mesure de réaliser ses investissements et trouvera des difficultés à assurer la distribution. Avec un brin d'optimisme, Nordine Bouterfa promet, toutefois de poursuivre le programme d'investissement. D'ici à 2020, Sonelgaz a besoin d'une enveloppe de plus de 2 000 milliards de DA pour financer les différentes étapes de développement du pays. Sur un autre registre, la holding compte ajouter deux autres entreprises qui deviendront des filiales à part entière.