Qu'est-ce qu'un film sinon raconter une histoire. Il y a plusieurs manières de raconter une histoire. On peut proposer un texte, des images ou alors les deux. Mais ce qui rehausse la fiction au rang d'une œuvre d'art est l'implication du créateur et la sensibilité qu'il y met pour proposer sinon une interprétation de la réalité, une vision personnelle. Mais lorsqu'il n'y a pas une profondeur, il n'y a pas d'émotion et donc pas de cinéma. Le court métrage El-Djinn de Yasmine Chouikh aurait pu être une véritable œuvre artistique, si elle avait fait attention aux détails. Pourtant, la réalisatrice explore dans son film de vingt minutes, l'enfermement et la quête de la liberté de la femme, mais en axant sur le côté visuel, tout en négligeant le script. Les tentatives de Yasmine Chouikh n'ont été que très peu laborieuses. Projeté avant-hier soir à l'espace Mille et Une news, El-Djinn est une fiction qui s'inspire de la légende. “À sa puberté, Amber a trois jours pour échapper au djinn qui hante son village mais sa rencontre avec Amel va tout bouleverser. “En fait, un djinn avait pactisé autrefois avec un notable de la région sans enfants. Cet homme demanda au djinn de lui offrir une progéniture, et celui-ci avança une condition : lorsque l'enfant atteindra la puberté, il le récupérera. L'homme refusa, alors le djinn jura de prendre la première fille de chaque famille. Amber est le premier enfant et elle passera, comme toutes les femmes de son village, par un rituel pour prouver sa pureté. Mais Amber n'est pas comme les autres. Elle est curieuse et éprouverait presque de l'attrait pour le djinn. Mais Amel, que Amber est la seule à voir, lui parle autrement du djinn. Elle ne lui fait pas peur comme les autres. Les trois jours écoulés, Amber réussit son initiation et renonce à Amel qu'elle enterre. Si Amel est une métaphore sur la liberté incarnant ainsi la vie avec ses extrêmes, le djinn représente l'inconnu. Une chose que tout le monde craint mais que nul n'a vu. La vision de Yasmine Chouikh quant à la situation de la femme est quelque peu pessimiste puisque si celle-ci veut faire partie de la société, elle doit renoncer à sa liberté, à ses rêves, à ses fantasmes… Si Amber avait cédé au djinn, elle aurait été considérée comme une marginale ; elle aurait été rejetée par les siens. Le sentiment d'appartenance est tellement sécurisant qu'il est difficile d'y renoncer. Les silences de la comédienne principale étaient plus éloquents que ses dires, d'autant que son accent algérois crée une dissonance avec celui des autres comédiens, des gens de Taghit. Les premières scènes du film installent dans le lieu, la magnifique région de Taghit. Mais l'agencement des séquences était saccadé, ce qui trouble la réception. De plus, il n'y avait pas de rythme dans le court, plutôt des ruptures à chaque séquence. Bénéficiant du soutien du Fdatic, El-Djinn est un court métrage sans profondeur qui manque d'une réelle réflexion sur la femme et sans réelle esthétique cinématographique.