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“Le cinéma ne souffre pas des interdits de la frontière”
Le cinéaste tunisien Abdellatif Ben Ammar à “Liberté”
Publié dans Liberté le 26 - 02 - 2009

Après des études en mathématiques, Abdellatif Ben Ammar s'oriente vers le cinéma et décroche un diplôme en prises de vue à l'Institut des hautes études cinématographiques de Paris. Après plusieurs expériences dans l'assistanat, il réalise son premier long métrage en 1971. Par la suite, il scénarise, réalise et produit plusieurs films, notamment Aziza en 1980 ou encore le Chant de la noria en 2002. Rencontré à Bizerte, durant le tournage de l'Avenue des Palmiers blessés, une coproduction algéro-tunisienne, il parle dans cet entretien de ce projet, révèle les problématiques qui l'interpellent et les questionnements qui l'habitent.
Liberté : Vous êtes en plein tournage du long métrage, l'Avenue des Palmiers blessés, qui traite des évènements de Bizerte de 1961. Pourquoi Bizerte ?
Abdellatif Ben Ammar : Bizerte est une guerre qui n'a pas été racontée du tout. En plus, c'est une guerre qui a été extrêmement violente parce qu'elle a eu lieu en deux jours et demi mais elle a emporté l'équivalent de 5 000 hommes. Ensuite, Bizerte est le symbole d'un passé dont il faut parler ; c'est une façon de rappeler qu'entre l'Algérie et la Tunisie, il y avait une fraternité, il y avait un soutien, il y avait une solidarité pour l'indépendance algérienne, ce qui a fait que durant la guerre de Bizerte, il y avait des combattants algériens qui se battaient aux côtés des Tunisiens aussi. Durant la Révolution algérienne, il y avait des Tunisiens qui soutenaient la Révolution ; ce qui fait que dans un sens, on a payé ensemble, ensemble comme des frères, notre indépendance. On a acquis notre indépendance grâce à l'esprit de solidarité entre les deux peuples et cela, il faut le rappeler.
Vous développez dans votre fiction de 105 minutes, la problématique de la mémoire. Vous tentez également de corriger une certaine image que l'Occident se fait du Maghreb et/ou de l'Afrique du Nord…
J'ai travaillé sur l'idée, en fait, sur la problématique de la recherche de la mémoire. C'est-à-dire retrouver son passé et retrouver ses racines. Et ensuite, faire le bilan d'un présent qui est dû à l'esprit de sacrifice de ceux qui nous ont précédé. Il y a une vision des prédécesseurs qui se sont battus pour nous et qui ont fait que le pays soit indépendant, qui ont fait que le pays puisse se moderniser, puisse être libre. Je pense que ceux-là ont un droit de mémoire sur nous puisqu'ils ont eu le courage d'initier notre rêve ; et c'est une manière de leur rendre hommage. Mais ce ne sont peut-être pas des sujets à la mode, donc j'ai beaucoup hésité parce que le cinéma suit des modes. Malheureusement pour nous, il y a un grand grand malentendu sur le plan mondial car l'Occident a caricaturé notre civilisation, notre être… il l'a schématisé, y a mis de la violence, nous a donné une apparence d'êtres violents, disposant d'une religion violente, et donc par opposition, je me suis dit, je vais vous présenter ces êtres arabes dans ce qu'ils sont réellement, c'est-à-dire des êtres qui ont peur, qui peuvent avoir de la douleur, des rires… ils peuvent être heureux, ils sont dotés de sensibilité et ils ont une charge émotionnelle humaine magnifique. Voilà comment, moi, je vois finalement l'être, qu'il soit d'une région ou d'une autre, peu importe, ce n'est pas un problème, mais au moins que moi, je réponde à une image caricaturale par une image profonde et sensible.
La question fondamentale de votre fiction réside-t-elle dans la dénonciation des falsificateurs et la responsabilisation des intellectuels dans le processus de l'écriture de l'Histoire ?
Oui, je responsabilise les intellectuels. Je responsabilise les avant-gardes qui ont un rôle par rapport aux sociétés et puis je porte une réflexion sur l'écrit dans nos sociétés. L'écrit était une forme d'expression qui était très poussée à une époque de la civilisation musulmane, et puis après c'est tombé un peu dans l'oubli. Et alors, l'écrit est devenu manipulable très facilement mais il n'y a que l'écrit qui reste, c'est très clair. Maintenant, heureusement pour nous, il y a le cinéma, c'est-à-dire, il y a les images. Moi je dis dans le film, les images ne mentent pas. C'est-à-dire s'il est facile que l'écrit puisse être à côté de la réalité, en tout cas, les images, elles, resteront et resteront à jamais. C'est une manière de valoriser un peu le cinéma, et d'expliquer aussi que ce n'est pas un hasard, qu'aujourd'hui, l'image télévisuelle ou cinématographique a son importance.
De plus, lorsqu'on traite de l'Histoire, on s'aperçoit qu'elle est d'une très grande importance pour le présent, donc elle peut être manipulée. Elle a de tout temps été manipulée. Par qui, me direz-vous ? Par les vainqueurs. L'Histoire se préoccupe des guerres et l'écriture de l'Histoire s'est toujours faite par les vainqueurs. Or, il n'est pas dit que la position des vainqueurs est la bonne. Le vainqueur va s'attribuer tous les mérites mais il ne racontera jamais la véritable histoire. En fait, n'est dépositaire de la véritable histoire que le peuple.
Pourquoi la coproduction avec l'Algérie ?
Faire un film en coproduction avec l'Algérie me semble être dans un sens légitime et, dans un sens, le message du film devient plus clair lorsqu'on se préoccupe de nos sociétés d'une manière commune. Actuellement, il y a un problème d'art, de cinéma, de statut et chacun reste dans son coin, chacun fait son petit cinéma avec peu de rapports. Alors que le cinéma est né en Afrique du Nord par des Algériens, des Tunisiens, des Marocains, qui ont rêvé un cinéma nord-africain, maghrébin, qui a une même sensibilité, un même passé, une même culture, il y a un ensemble des mêmes problématiques. Et moi, en 1980, j'ai fait un film avec l'Algérie et c'était magnifique. Tout le monde en parle jusqu'à aujourd'hui, parce qu'il a mis en commun le talent et la sensibilité de l'ensemble. J'avais Mohamed Zinet et Dalila Remas qui jouaient le rôle de Tunisiens, et ça a été magnifique. J'ai défié les us et coutumes imbéciles car si j'ai envie de voir le visage de Mohamed Zinet en vieux Tunisien, j'ai le droit en tant qu'auteur, en tant que cinéaste, en tant qu'artiste. Inversement, cela est parfaitement possible, je ne vois pas pourquoi on n'utiliserait pas des compétences même dans le domaine technique ou artistique. J'avais également Youcef Sahraoui qui était chef opérateur et Ahmed Malek a signé la musique. Pour ce nouveau projet, j'ai pris le compositeur Farid Aouameur, j'ai choisi aussi la merveilleuse Rym Takoucht et je sais qu'elle donnera quelque chose de très beau ; Hassan Kachach, pareil. Je pense que le cinéma a besoin de savoir-faire et de talent. Le cinéma ne souffre pas les interdits de la frontière.
S. K.


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