Reportés au lendemain du tremblement de terre du 21 mai dernier qui a frappé les deux régions d'Alger et de Boumerdès, les examens du baccalauréat ont débuté, hier, pour 60 000 candidats, dont 11 000 pour la wilaya de Boumerdès. Il est 8h30 et il y a foule devant le lycée Bouamama (ex-Descartes). Elèves, parents et même professeurs sont venus soutenir leurs proches et leur donner les dernières recommandations. Le stress et la peur se lisent sur les visages des candidats. “J'aurais voulu passer mon bac au mois de juin, comme cela était prévu. Maintenant, j'ai tout oublié. Le stress m'a rongée durant les trois mois derniers et encore plus aujourd'hui”, nous dira une candidate. “Les élèves d'Alger étaient prêts à passer leur bac en juin, c'était injuste de les faire attendre jusqu'au mois de septembre”, renchérit un professeur. Pour ce premier jour et après trois heures d'examen, il semblerait que la première épreuve du baccalauréat, littérature arabe, se soit bien déroulée pour les candidats d'Alger. “Le sujet était abordable”, déclare un candidat de l'Algérois ; avis qui n'est forcément pas partagé par les candidats de Boumerdès. Pour ces derniers, les examens se sont déroulés dans des conditions pénibles, malgré les efforts et les moyens matériels déployés par les pouvoirs publics pour assurer un climat propice. Car, à Boumerdès, chaque élève est un cas particulier. Nous avons rencontré Amel, candidate pour la deuxième fois en sciences et technologie, devant le lycée El-Aïd El-Khalifa. Elle nous explique : “Notre maison s'est effondrée, lors du séisme, j'ai perdu tous mes cours. S'ajoute à tout cela ma fracture du bassin. Comment voulez-vous que je sois prête pour les examens ?” “Cependant, ajoute-t-elle, je garde toujours l'espoir de devenir aviatrice. Mais, pour venir à l'examen, j'ai dû prendre une tonne de médicaments.” Un peu plus loin, nous avons rencontré un groupe d'élèves sous un arbre en train de réviser leurs derniers cours d'anglais. La plupart de ces candidats sont venus de camps de toile. “C'est impossible de préparer son bac sous une tente avec les maladies infectieuses et la chaleur étouffante du mois d'août. Avoir son bac dans ces conditions relève du miracle”, nous affirme un jeune terminale. “Avant-hier, au moment, où je commençais mes révisions, la pluie a mouillé tous mes cours. Alors j'ai juré de ne plus lire un mot”, ajoute-t-il. Son camarade nous dira : “Le sujet d'arabe était un peu difficile, surtout le premier exercice, car le programme de littérature arabe n'a pas été achevé ainsi que ceux d'histoire-géographie et de physique-chimie.” Concernant “les lycées d'été” organisés par le ministère de tutelle, ceux-ci n'ont pas été d'un grand secours, car ils n'étaient pas accessibles à tous les élèves. “Je n'ai pas bénéficié des cours de rattrapage. Lorsque je me suis déplacé à l'IAP pour une inscription, les responsables m'ont dit que c'était complet”, déclare un jeune de la ville de Boumerdès. Les candidats venus de Corso n'ont, eux, même pas entendu parler des cours de rattrapage. Vu les conditions exceptionnelles que présente cette session du baccalauréat, les élèves de terminale interpellent le ministère de l'éducation pour prendre en considération leur situation sociale, lors des corrections des copies. N. A.