RESUME : Kahina a une idée qui pourra lui permettre de joindre Samra. En fouillant dans le cartable de son fils, elle trouve un carnet d'adresses et de numéros. Elle appelle ceux suivis d'un prénom féminin. Warda est disposée à l'aider. Kahina attend beaucoup de Samra, même si elle redoute un peu la réaction de son fils… 38eme partie -C'est vrai qu'il est blessé ? Est-ce grave ? L'inquiétude de Samra a le don de faire monter les larmes aux yeux de Kahina. Elle lui laisse aussi espérer que Samra l'écoutera peut-être et fera tout pour que Sami puisse quitter le pays. Kahina savait que Sami était encore attaché à Samra. Il n'y avait que cet amour pour elle qui pourrait le pousser à partir loin d'ici. Mais accepterait-il ? D'après ses souvenirs, Samra avait prétexté avoir une demande en mariage d'un cousin, avoir trouvé meilleur que lui. Si elle lui disait ne pas avoir pu l'oublier pendant tout ce temps, elle réussirait peut-être à rallumer le feu de leur amour d'autrefois. Cet autrefois n'était pas loin dans le temps après tout, se dit Kahina en soupirant, toute à ses pensées alors que la jeune fille l'interrogeait toujours sur l'état de Sami. - Est-ce qu'il s'en sortira ? Où a-t-il été blessé ? Par quoi ? - Par une arme blanche, répond Kahina. Le chirurgien qui l'a opéré a dit que sa vie n'était pas en danger. - Mon Dieu merci ! s'écrie Samra, lorsqu'elle renifle, Kahina devine qu'elle aussi pleure. Mais qu'est-ce que je pourrais faire pour lui ? Il a besoin de médicaments ? Ou de soins ici à Paris. - J'ignore encore s'il lui manquera des médicaments ou s'il lui faudra de meilleurs soins mais je sais que s'il s'éloigne du pays, il ne se portera que mieux. Je voudrais que tu reprennes avec lui, lâche Kahina. Je regrette de vous avoir séparés. - Et moi de vous avoir écoutée, soupire la jeune fille. Je serais restée avec lui. Sa présence et son amour valent toutes les capitales du monde. Je viendrais par le prochain vol. il n'y a rien que je puisse lui offrir ? - Ta présence sera un cadeau pour lui, pour moi. Lorsque Kahina raccroche, elle a le sentiment de reprendre les rênes du destin de son fils. S'il ne lui tenait pas rancune, dès qu'il ira mieux, il acceptera de reprendre avec elle et elle l'encouragera à partir. Elle ne refera pas l'erreur de le retenir. Si elle avait pu lire dans l'avenir, deux ans plus tôt qu'il y aura des manifestants qui protesteraient contre le régime en place, que des gendarmes tireraient sur des jeunes sans défense, il est sûr qu'elle aurait tout fait pour précipiter le départ de son fils. Elle n'aurait jamais eu à le voir sur un lit d'hôpital cloué par des blessures au ventre. Non, il n'y aurait rien eu de tout cela. - Kahina, tu parles seule ? Kahina n'avait pas entendu son mari rentrer. Le sourire qu'elle a lui fait penser à Sami. - Tu as des nouvelles de Sami ? Le chirurgien a appelé ? l'interroge Tahar. Il n'y a pas d'hémorragie interne ? - J'ignore tout sur l'opération de Sami, répond-elle. Je viens de recevoir un appel de Samra. Tu penses qu'une visite d'elle fera plaisir à Sami. - Comment savoir ? Pourquoi ne pas lui poser la question tout à l'heure ? rétorque Tahar. Après ta visite chez le cardiologue. Tu as rendez-vous à une heure. - J'ai le temps de préparer une tisane à Sami, dit-elle en se dirigeant vers la cuisine, avant que son mari ne lui rappelle qu'il est sous sérum et qu'il ne pourra prendre rien sans l'autorisation du chirurgien. Tout est de ma faute. Mon pauvre Sami. Sauras-tu me pardonner si tu savais ? À suivre A. K.