Les relations entre l'Algérie et la France pourraient connaître une nouvelle impulsion après plus de deux années de crispation. C'est du moins ce qu'a laissé entendre la secrétaire d'Etat français chargée du Commerce extérieur, Mme Anne-Marie Idrac, lors d'un point de presse organisé, à Alger, à l'issue de sa visite de deux jours en Algérie. La secrétaire d'Etat français chargée du Commerce extérieur a parlé “d'une nouvelle étape, d'un nouvel élan et d'un rythme nouveau dans la relation algéro-française”, qualifiant les deux pays de “partenaires incontournables”. Mme Anne-Marie Idrac a précisé que sa visite en Algérie est purement économique. “Je vous indique, tout de suite, que nous n'avons pas parlé de problèmes politiques avec les différents interlocuteurs. Nous sommes d'accord pour avancer sur les sujets économiques et industriels d'une manière pragmatique et amicale”, a indiqué la ministre, en guise d'introduction. Mme Idrac a témoigné de la volonté du gouvernement français et des entreprises françaises de développer les investissements en s'inscrivant “complètement dans la logique légitime du gouvernement algérien en matière d'industrialisation du pays, de transfert de savoir-faire et de technologie ainsi que de création d'emplois”. La secrétaire d'Etat français chargée du Commerce extérieur a indiqué que les entreprises françaises, notamment les grandes sociétés, ont des projets d'investissements importants. Mme Idrac a insisté sur le fait que “la démarche du gouvernement français et des entreprises françaises est une démarche à long terme”. “Les entreprises, qui sont présentes en l'Algérie, environ 400, ne sont pas là pour faire des coups. Elles sont là pour s'inscrire dans la durée et sur le long terme”, a affirmé la ministre française, rappelant que le président de la République française, Nicolas Sarkozy, a confié à l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qui pourrait venir en novembre à Alger, la mission d'être l'interlocuteur des pouvoirs publics algériens, en particulier du ministre de l'industrie, la PME et de la promotion des investissements, M. Mohamed Benmeradi, pour favoriser les échanges et les investissements français. “Nous avons convenu qu'au-delà d'un certain nombre de projets qui sont examinés par les autorités algériennes, nous avons l'intention d'élargir davantage les échanges et les investissements dans les deux sens”, a déclaré la secrétaire d'Etat français chargée du Commerce extérieur. Une démarche qui pourrait se faire à travers un forum d'affaires, qui sera organisé au 1er semestre de l'année prochaine à Alger, “avec l'ensemble des opérateurs algériens et français”. Mme Idrac a indiqué qu'elle avait évoqué les projets de Total et du groupe Saint-Gobain avec les ministres algériens. Total attend, depuis 2007, la concrétisation d'un projet de pétrochimie à Arzew qui coûtera 5 milliards de dollars, alors que le groupe Saint-Gobain a, à son tour, avancé qu'il était “en train d'attendre les délibérations du Conseil des participations de l'Etat concernant son achat de deux verreries à Oran et Tébessa.” “Le gouvernement algérien continue à les examiner et prendra les décisions ; c'est à lui d'annoncer s'il y lieu et quand il y aura lieu des décisions. En ce qui concerne les entreprises, elles sont toujours disposées à investir”, a-t-elle déclaré. Le dossier Axa n'a pas été évoqué “spécifiquement”, a ajouté Mme Idrac, bien que, a-t-elle affirmé, le ministre des Finances se soit réjoui de l'implantation de la mutuelle d'assurance sur le marché algérien. La ministre français a annoncé l'ouverture, à la fin de ce mois, de l'école supérieure des assurances, “un signe important de transfert d'expertise”. Questionnée sur les réactions françaises par rapport à la loi de finances complémentaire, la secrétaire d'Etat français déclare que “le gouvernement français ne s'est jamais prononcé sur des lois d'un Etat souverain qui a le droit de choisir légitimement sa politique économique”. Mme Idrac a indiqué que dans tous les entretiens qu'elle a eus, elle a réaffirmé le respect du gouvernement français pour la législation algérienne, sa considération pour la volonté d'industrialisation et de développement de l'Algérie. Mme Idrac a aussi réaffirmé la volonté du gouvernement français à ce que des entreprises “s'inscrivent dans ce schéma de développement avec l'idée du gagnant-gagnant sur le long terme”. Interrogée sur le projet Renault, Mme Idrac, sans donner de précision, a indiqué que “le constructeur français d'automobile a l'intention d'examiner toutes les possibilités d'investissement en Algérie. Le travail est en cours pour voir, dans l'intérêt mutuel, comment réunir toutes les conditions pour que cela puisse se faire”. Sur ce dossier, Mme Idrac évoque un “intérêt mutuel pour le projet”. La secrétaire d'Etat français chargée du Commerce extérieur a été reçue, hier, par le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, et a eu des entretiens avec le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, M. Mohamed Benmeradi.