L'ex-P-DG de Sonatrach ainsi que des cadres dirigeants impliqués dans le scandale Sonatrach ont maintenu tout au long de l'enquête que les marchés étaient conclus selon les instructions écrites et verbales de Chakib Khelil, alors ministre de l'Energie. Une fois bouclé, ce dossier sera transmis cette semaine à la chambre d'accusation près la cour d'Alger pour statuer et qualifier les accusations, dernière étape avant sa programmation devant le tribunal criminel. La cour d'Alger aura également à statuer sur les différents appels interjetés par le ministère public ou introduits par les avocats de la défense. Un seul hic, l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil, n'a pas été auditionné dans cette affaire. En effet, selon une source proche du dossier, Habib Chohra, le juge instructeur du pôle judiciaire près le tribunal de Sidi-M'hamed, vient de boucler l'enquête après quatre mois d'instruction. Le magistrat en charge du dossier a procédé, dans une première étape, en juin passé, à l'audition des principaux accusés mis sous contrôle judiciaire, en l'occurrence l'ex-P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane, et quatre autres cadres, ainsi que sept autres écroués dont les deux fils de Meziane, avant de convoquer les témoins. L'audition a duré plusieurs semaines avant que le magistrat ne s'engage dans l'ultime étape, qui est celle de la confrontation entre les différents accusés mis en cause. Cette étape a permis aux enquêteurs de dévoiler d'autres faits sur certaines complicités directes et indirectes. L'enquête s'est penchée aussi sur toutes les opérations du groupe Sonatrach depuis la désignation, en 2003, de Mohamed Meziane à la tête de l'entreprise, notamment les appels d'offres et les projets octroyés de gré à gré. L'enquête judiciaire s'est concentrée en particulier sur les projets de sécurisation des sites pétroliers et les marchés douteux passés entre Sonatrach et des opérateurs locaux et étrangers. Le magistrat instructeur avait auditionné aussi des opérateurs étrangers dans cette affaire. La chambre d'accusation aura à qualifier les accusations dont l'enquête préliminaire diligentée par la police judiciaire du DRS (département du renseignement et sécurité) a relevé des cas de “malversations, violation de la législation en matière de passation des marchés publics, corruption, association de malfaiteurs”. Le DG de Sonatrach : “On a agi sur ordre de Chakib khelil !” Selon notre source, l'ex-P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane, le principal accusé dans cette affaire, aurait maintenu ses premières déclarations et confirmé tout au long de son audition avoir agi selon les instructions de l'ex-ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, et “n'avoir commis aucune violation dans les passations des marchés”, et aurait justifié l'adoption des marchés de gré à gré par l'élément de “l'urgence”, qui permet la conclusion de ce type de transactions, d'autant que Chakib khelil, ministre à l'époque, avait donné des instructions strictes afin de sécuriser les sites pétroliers en particulier. Pour rappel, l'ex-ministre de l'Energie et des Mines avait signé un décret qui fait que le groupe Sonatrach ne relève plus du contrôle de l'Etat. Chakib Khelil ayant créé une société chargée de la publication des avis concernant les transactions du groupe et toutes ses filiales qui le dispense de publication officielle qui, par ailleurs, est obligatoire selon la loi qui définit les conditions de pratique du commerce. Mohamed Meziane aurait affirmé aussi au juge instructeur que le gel illégal de la réfection du siège de la Sonatrach à Ghermoul, Alger, aurait été ordonné par le directeur de la sécurité au niveau du ministère de l'Energie et des Mines. Ce dernier avait informé par écrit l'ex-ministre sur cette affaire. Quant au président de la commission des marchés au niveau de la Sonatrach, mis en cause également dans cette affaire et auditionné par le juge instructeur, il a soutenu que le gel du projet “aurait été ordonné par l'ex-ministre lui-même”, puisque le vice-président directeur général de la Sonatrach chargé de la direction commerciale a affirmé avoir informé Mohamed Meziane des “failles”, et ce dernier a soutenu avoir seulement appliqué les instructions de Chakib Khelil.