L'instruction judiciaire dans le cadre de l'affaire liée au scandale Sonatrach se poursuit. Plus de cinq mois après le début de l'enquête, le magistrat instructeur du pôle judiciaire de Sidi M'hamed près de la cour d'Alger, chargé du dossier, vient d'entamer la deuxième étape par le début de confrontation entre les mis en cause. C'est ainsi qu'il vient d'auditionner à nouveau des cadres impliqués dans le scandale dont l'ex-P-DG de la compagnie. Le magistrat aura à comparer les déclarations des mis en cause tout au long de l'enquête et après la confrontation, afin de qualifier les accusations dont l'enquête préliminaire du DRS a relevé des cas de “malversation, violation de la législation en matière de passation de marchés publics, corruption, association de malfaiteurs”. Le dossier sera incessamment transféré à la chambre d'accusation près la cour d'Alger après le bouclage de l'enquête. Les premières confrontations auraient fait état de nombreuses autres révélations “fracassantes” sur certaines complicités directes. Selon notre source, l'ex-P-DG de Sonatrach Mohamed Meziane, le principal accusé dans cette affaire, aurait maintenu ses premières déclarations et confirmé n'avoir commis aucune violation dans les passations des marchés et aurait justifié l'adoption des marchés de gré à gré par l'élément de l'urgence, qui permet la conclusion de ce type de transactions. Selon Meziane, l'ex-ministre de l'énergie et des mines, Chakib Khelil, avait donné des instructions strictes afin de sécuriser les sites pétroliers en particulier. Il faut souligner que suite à un décret de l'ex-ministre de l'énergie et des mines, Sonatrach ne relève plus du contrôle de l'Etat, Chakib Khelil ayant créé une société chargée de la publication des avis concernant les transactions du groupe et toutes ses filiales qui le dispense de publication officielle qui, par ailleurs, est obligatoire selon la loi qui définit les conditions de pratique du commerce. Selon une source proche du dossier, l'enquête judiciaire s'est concentrée en particulier sur les projets de sécurisation des sites pétroliers et les marchés douteux passés entre Sonatrach et des opérateurs locaux et étrangers. L'enquête s'est penchée aussi sur toutes les opérations de la société depuis la désignation, en 2003, de Mohamed Meziane, notamment sur les appels d'offres et les projets octroyés de gré à gré, sans appel d'offres contrairement à la réglementation. Le juge d'instruction aurait ainsi auditionné, cette fin de semaine, cinq cadres qui sont sous contrôle judiciaire. Le P-DG, Mohamed Meziane, ses deux enfants, l'ancien patron du Crédit populaire d'Algérie (CPA), son fils et 15 cadres, dont des vice-présidents de la compagnie pétrolière, ont été déjà auditionnés au mois de janvier passé par le juge instructeur Habib Chohra, du pôle judiciaire de Sidi M'hamed, suite à une enquête préliminaire menée par les officiers judiciaires du Département de renseignement et de sécurité (DRS) sur des malversations dans l'octroi de marchés à deux bureaux d'études, de consulting et d'installation de réseaux de télésurveillance dans le cadre de l'activité de transport par canalisations, qui auraient réussi grâce à leurs relations, notamment avec les fils de l'ex-P-DG, à avoir un statut d'exclusivité. Le juge d'instruction a mis sous mandat de dépôt ces deux derniers ainsi que l'ancien président-directeur général du CPA, Hachemi Meghaoui, son fils (propriétaire d'un bureau d'études), un entrepreneur privé, deux vice-présidents de Sonatrach, Benamar Zenasni (chargé de l'activité transport par canalisations – TRC) et Belkacem Boumedienne (chargé de l'activité Amont – exploration et production). Le juge avait également placé sous contrôle judiciaire sept cadres dirigeants de la compagnie, dont l'ex-P-DG Mohamed Meziane et Chawki Rahal, vice-président chargé de l'activité commercialisation.