La banque, la douane et les services du commerce sont à l'origine du long séjour de la marchandise au port d'Alger. Excédé par les agissements des agents de l'Etat, A. B. a décidé de monter au créneau et de dénoncer la bureaucratie portuaire. Sa marchandise, se résumant en un conteneur de 20 tonnes de produits de cosmétique médical, est bloquée au port d'Alger depuis février 2010. Sa société BCI, spécialisée dans l'importation de produits de cosmétique médical, ouvre la lettre de crédit documentaire en décembre 2009. La marchandise provenant du Maroc arrive au port d'Alger le 15 février 2010. Il ne reçoit de sa banque les documents lui permettant de dédouaner la marchandise que le 24 mars. Premiers déboires, on lui exige un nouveau certificat d'origine, le premier, envoyé par son fournisseur, n'étant pas conforme à la circulaire du 3 décembre 2008 fixant les modalités de mise en œuvre de la facilitation des échanges commerciaux entre les Etats arabes. La société demande à son fournisseur un autre certificat d'origine. Le 19 mai 2010, BCI reçoit le document le 3 mai. Le 9 mai, elle déclare la marchandise et entame la démarche auprès des services de fraude en vue de l'obtention du visa d'entrée de la marchandise. Suite à ces lenteurs, le délai de deux mois et dix jours pour le dédouanement étant dépassé, le conteneur est bloqué et déplacé au parc réservé à cet effet. On demande alors de faire une main levée en donnant les raisons pour lesquelles la marchandise n'a pas été dédouanée. Disparition du conteneur du 9 mai au 17 juin ! Situation rocambolesque, du 9 mai jusqu'au 17 juin, les inspecteurs de la douane n'arrivent pas à localiser le conteneur perdu au milieu de 1 500 boîtes. “Ce dernier a finalement été retrouvé par nos soins grâce à des personnes qui nous ont aidé à le localiser”, raconte le directeur de BCI. La société dépose alors la main levée le 17 juin. Ce n'est pas encore fini, les inspecteurs de la douane demandent un autre document, le visa statistique pour la franchise des droits de douane. Le 18 juillet, BCI paie des pénalités de l'ordre de 127 000 dinars pour les retards. La demande de visa est demandée au niveau de la direction du contrôle des prix d'Alger, rattachée au ministère du Commerce. La première demande est rejetée sous prétexte que dans la facture, il fallait mentionner le poids de la marchandise. “Le 25 juillet, une seconde demande est rejetée sous prétexte que nous n'avons pas fourni de facture pro forma”. “On s'est demandé pourquoi nous devions fournir une facture pro forma pour une marchandise qui est déjà arrivée”, ajoute le même directeur. On fournit la facture pro forma à la Direction régionale du commerce. Le 19 août, BCI obtient le visa statistique. Le 20 août, elle entame la démarche pour dédouaner la marchandise. On lui demande alors l'attestation que le bain de bouche que BCI vend en Algérie depuis 13 ans ne fait pas partie de la nomenclature des médicaments du ministère de la Santé. BCI adresse la demande le 3 septembre. Elle reçoit le document le 8 septembre. Le 29 août, BCI paie les droits de douane. À ce jour, la visite du conteneur par les inspecteurs de la douane n'est pas effectuée. Le 20 septembre, on signifie au transitaire le refus de la main levée, les délais étant dépassés. Le 21 septembre, BCI demande une prorogation de la main levée. En ce jour du mois d'octobre, la marchandise n'est pas encore enlevée, soit après huit mois de son arrivée au port d'Alger. Le patron en colère, regrette d'avoir importé le produit sous licence du Maroc pour bénéficier des avantages de la zone arabe de libre-échange (réduction de droits de douane). S'il s'était approvisionné comme auparavant auprès de son fournisseur européen, il n'aurait pas rencontré toutes ces difficultés. Seulement, le consommateur aurait payé plus cher le produit. Voilà où mène la bureaucratie algérienne.