Aujourd'hui, alors que les secondes Assises nationales de la pêche se tiendront les 17 et 18 octobre prochains, le poisson se nomme toujours “désir” pour la majorité des foyers algériens, y compris lorsqu'il s'agit de la modeste sardine qui continue d'atteindre des sommets en termes de prix. C'est dans ce contexte, inexplicable par les lois de l'économie, qu'un investisseur local entend dénoncer, par le biais d'une lettre transmise à notre rédaction, “les lenteurs administratives et les carences dans la gestion du secteur de la pêche”. Ce promoteur déplore les lenteurs dans la gestion administrative de son dossier pour l'obtention de l'autorisation d'installation d'une madrague de captage de poissons migrateurs. Il faut être un connaisseur du monde de la pêche pour comprendre les spécificités d'une “madrague de captage”, une méthode de pêche ancienne qui avait ses habitudes et ses habitués à Oran, plus particulièrement dans la zone comprise entre Kristel et Arzew. Ce système de pêche consiste en des filets de 700 à 1 000 m qui sont tendus à partir des côtes et qui contiennent des pièges permettant d'emprisonner les poissons. Ce sont plus particulièrement les poissons migrateurs comme le thon, la bonite, l'espadon… qui sont ainsi pêchés et donc, c'est une pêche qui ne peut se dérouler que durant la période d'avril à fin juillet. La madrague nécessite une technicité, un savoir-faire qui, dans la région, se transmet de père en fils. À l'indépendance, existaient déjà des madragues près d'Arzew. Ce sont pas moins de 10 personnes qui peuvent ainsi travailler autour d'une madrague, sans compter les guetteurs qui repèrent les bancs de poissons, leur passage au large. De la période de 2000 à 2004, des autorisations de madragues avaient bien été délivrées sous forme de concession d'exploitation maritime, seul cadre légal pour cette activité. Or, en 2005, toutes les autorisations ont été annulées en raison de la promulgation de nouveaux textes réglementaires, comme nous l'a expliqué le directeur de wilaya de la pêche à Oran, à qui nous avons soumis le cas du promoteur : “Nous connaissons parfaitement cette personne, nous avons réceptionné son dossier et nous l'avons transmis en décembre 2009 aux autorités centrales, avec même plusieurs lettres de rappel, l'autorisation ne relevant pas de l'administration locale mais d'une commission nationale !” Et notre interlocuteur de poursuivre : “Le nouveau décret 05-184 du 18 mai 2005 est venu fixer les différents types d'exploitation des ressources de la biomasse, les conditions d'exploitation et les règles, etc. Or, à ce jour, les textes d'application de ce décret, notamment pour l'article 14, n'ont toujours pas été promulgués ; dès lors, nous n'avons aucun moyen légal d'autoriser l'installation d'une madrague en l'absence des textes d'application. Cela ne relève pas de notre ressort malheureusement…” Ces textes, nous explique-t-on, sont indispensables et ne sont pas faciles à mettre en place pour réglementer ce type de pêche, comme tout autre par ailleurs, avec les impératifs de sécurité maritime puisque les phares et les balises doivent être informés de l'emplacement des madragues. Le promoteur, ayant également vu la nature juridique de sa société modifiée, se devait de redéposer un nouveau dossier, avons-nous encore appris sur ce cas particulier. À noter justement qu'en 2009, ce ne sont seulement que 779 tonnes de produits de la mer qui ont été exportés pour un montant de 4,2 millions d' euros, essentiellement des crevettes et des mollusques et depuis le début de l'année, l'on atteint les 169 tonnes.