À l'invitation de l'association Civic d'Oran, l'ancien Chef du gouvernement, Sid-Ahmed Ghozali, a participé samedi soir à une rencontre-débat avec des représentants de la société civile, des partis politiques et des syndicalistes, avec au centre des préoccupations, la situation politique du pays. Durant plus d'une heure, les échanges tourneront autour de l'analyse et le constat politique livré par M. Ghozali notamment sur le régime actuel. Pour l'orateur, il ne fait aucun doute que la situation politico-sociale du pays découle directement de la nature du régime et de lâcher dès son introduction : “Le pouvoir ne peut pas réussir et ne peut pas perdurer s'il ne comprend pas qu'en Algérie aucun progrès ne se fera sans la participation du peuple algérien…” Et d'enchaîner directement sur la résignation du peuple qui réagit par des actes anti-sociaux à la démarche, elle-même, anti-sociale, du pouvoir. Et de s'en désoler car “les seuls à être lésés au final ce sont les Algériens…”. Rappelant que depuis 11 ans, son initiative de création d'un parti politique, le Front démocratique (FD), acceptée par la loi et dans le texte, est mise en échec par le simple silence. “On ne peut pas ainsi écrire une chose dans la loi et faire son contraire. C'est là le propre des régimes autoritaires !” Le non-respect de la loi dans plusieurs domaines ne permet pas une bonne gouvernance et engendre le désespoir du peuple et c'est souvent ce désespoir qui est à l'origine de mouvements de contestation, estimera l'ancien Chef du gouvernement, avant de poursuivre : “Nous sommes face à un régime qui refuse de changer… Le changement s'imposera de l'extérieur du pouvoir, il viendra de la rue et là, Octobre 88 paraîtra comme une récréation… Voilà où on va. La question est de savoir si, en haut, on a compris : soit changer dans l'ordre, soit changer dans le désordre.” Avec des allers-retours sur l'histoire politique du pays en passant par Boumediene “qui était aimé parce qu'il avait un projet”, la période où il était Chef du gouvernement, et aujourd'hui avec le régime Bouteflika, Sid-Ahmed Ghozali refusera de s'inscrire dans la logique du leurre qui tend à faire croire aux Algériens qu'il y a une vraie vie politique, que les scandales politico-financiers à répétition sont un signe de “fin de règne”. Pour l'intervenant, tout n'est que virtuel, les institutions, les partis de l'alliance… Tous jouent des rôles préalablement définis et distribués. De même pour la gouvernance du pays : quel que soit le secteur et, de manière plus dramatique, pour celui des hydrocarbures, le constat qu'il en fait c'est qu'“il n'y a aucune politique mise en place parce que ce régime prend des décisions et n'en répond pas ; ailleurs celui qui prend la bonne décision, c'est celui qui sait qu'il doit rendre des comptes… Ce qui nous attend, c'est la conduite à la ruine”.